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 | Sujet: Les malheurs de Phénicie  Dim 19 Oct - 13:49 | |
| Sur le bureau de la phénicienne se trouve un vieux carnet. La plupart des pages sont remplies de croquis de bateau, de photo de voyages et des pensées d'une jeune adolescente qui rêvait de liberté. Si vous êtes assez curieux pour y jeter un coup d’œil, vous verrez que ce carnet de bord a été abandonné lorsque la jeune femme a quitté l'Académie, une fois ses études terminées.
Mais récemment, la phénicienne replongea en enfance et décida de combler les pages restantes en contant ses malheurs.« 07 octobre – mer calme, ciel couvert. Orage à l'horizon.
Cher Journal,
Je pensais être assez grande pour ne plus avoir à me confier à toi. Visiblement j'avais tort. J'ai besoin de me parler à quelqu'un. Mes parents sont trop loin et je ne peux rien dire à mes collègues, je ne veux pas qu'ils me trouvent faible. Alors je souris. Comme toujours.
Un peu plus d'un mois s'est écoulé depuis la rentrée des classes, beaucoup de choses se sont passées depuis. Je suis allée en ville avec Anni. C'est une femme adorable et tellement gentille. Je me suis dit que ce serait amusant de me balader avec elle. Je ne me suis pas trompé. On a fait les boutiques et je l'ai aidé à choisir une jolie robe pour celui qu'elle aime. C'est un de mes collègues. Je m'en doutais mais j'avais besoin de l'entendre, qu'elle me le dise elle-même.
Un incendie s'est déclaré dans l'aile germanique. Tout le monde a été évacué rapidement. Les élèves et mes collègues sont sains et saufs. Le directeur m'a convoqué dans son bureau pour en parler. Apparemment c'était un incendie volontaire. Causé par des élèves. Cette histoire a été rapidement réglée, heureusement. Je me sentais en sécurité ici, loin des conflits du Moyen-Orient, plus maintenant.
Lors de l'incendie, l'alarme s'est déclenchée et la salle commune et tout le reste du bâtiment a été arrosé. Mes pauvres maquettes ont beaucoup souffert. Heureusement j'ai pu les sauver et les sécher à temps. D'ailleurs, j'ai un nouveau projet de maquette : une caravelle. Comme celles de l'expédition de Christophe Colomb. Ces derniers temps beaucoup de gens s'intéressent à mes trésors. Anni m'a dit qu'elle voulait les voir. Et je les ai montrés à Wales et Croatie. En échange, il m'a montré ses maquettes d'hydravions. Je n'y connais rien mais j'ai trouvé son travail magnifique.
Les livres de la bibliothèque étaient dans un sale état eux aussi. Mais grâce à la gentillesse d'un de mes élèves, on a pu les remettre en état. Cet élève c'est Iestyn, enfin Wales. Il est très gentil et aime beaucoup les livres. Ça fait plaisir de voir quelqu'un qui s'intéresse à la littérature. C'est un de mes élèves favoris. Je crois qu'il m'aime beaucoup lui aussi. J'ai passé un très bon moment à la bibliothèque. Ça faisait longtemps.
Des rumeurs circulent dans le couloir. D'habitude je n'y fais pas attention, mais là. Il s'agit de moi. Et de deux élèves. Mathias et Iestyn. Danemark et Wales. Oui, encore Wales. D'après les rumeurs, ils coucheraient avec moi pour avoir de bonnes notes. Beaucoup d'élèves sont déjà au courant. Certains me jettent même des regards noirs dans les couloirs. Comme par exemple la jeune Belgique. Je crois qu'elle est jalouse de moi ou quelque chose comme ça. Si elle a un problème, elle peut venir me voir, je ne vais pas la manger.
Je sais pourtant que cette rumeur est fausse mais j'ai peur. Si mes collègues ou le directeur l’apprennent, je suis fichue et je pourrais dire adieu à ma carrière. Je n'ai aucune preuve pour clamer mon innocence. Je ne veux pas perdre mon travail. Je ne veux pas rentrer chez moi.
Halloween approche. Je vais devoir trouver quelque chose à faire pour l'occasion. Peut être des amulettes spéciales que je revendrais à prix d'or le jour-J. J'ai besoin d'argent pour ma maquette.
Et puis ça me changera les idées quelques temps.
* * * 19 octobre – mer agitée, ciel noir. La tempête fait rage.
Me revoilà cher Journal.
C'est de pire en pire.
J'ai reparlé à Anni. Elle affichait un petit sourire mystérieux, qui a attisé ma curiosité. Elle ne voulait pas en parler devant tout le monde alors nous sommes allées dans un coin tranquille. Elle voulait parler de Gans. D'une sorte de projet entre elle et lui. Cette nouvelle me fit mal, terriblement mal.
Mais je dois la soutenir. C'est mon amie. Elle doit souffrir de la situation. Ses enfants sont contre elle et ses décisions. Elle a besoin de quelqu'un pour la conseiller, pour l'épauler.
Donc je l'aide. Et peut importe ce que je ressens.
Je n'ai pas parlé à Mathias depuis un moment et j'ai l'impression que Iestyn m'évite depuis notre conversation à la bibliothèque. Cela m'inquiète un peu.
Il y a tellement de gens autour de moi : collègues, élèves. Alors pourquoi je me sens si seule ? » |
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| | Sujet: Re: Les malheurs de Phénicie Ven 31 Oct - 21:18 | |
| « 26 octobre – ciel noir, comme le savon qui recouvre le tableau de ma salle de cours.
« Si grandes étaient les plaintes qui s'échappaient de son cœur! » Virgile, Enéide, IV-550.
À propos de la reine de Carthage et de la princesse de Tyr, Elyssa (Didon)
Je suis une idiote. Et je me déteste. »
Page déchirée.
* * *
« 27 octobre – la tempête fait rage, mon navire à fait naufrage
Ces derniers jours ont été une lente agonie, la sentence est tombée aujourd'hui.
Le directeur m'a convoqué dans son bureau. Il a eu vent de toutes les rumeurs. Il sait tout. En voyant le surveillant entrer dans la salle commune, j'ai compris que c'était pour moi. Lorsqu'il m'a appelé, mon nom a sonné comme une terrible sentence. Madame Phénicie !
Notre conversation a durer quelques minutes, une éternité. Le directeur était aussi froid que d'habitude. Moi je faisais tout pour me pas trembler.
Mais tout cela m'a fait réfléchir. J'étais une jeune femme insolente, se moquant des lois, faisant tout et n'importe quoi. J'ai fais des erreurs, j'étais trop sûre de moi. Et j'en paye le prix.
Maintenant je sais ce qui est bien ou non. Je suis un professeur, j'ai des devoirs et des responsabilités. C'est une sorte de renaissance. Oui. Je suis une nouvelle Phénicie. Plus forte qu'avant, plus sage j'espère. J'ai envie de tout recommencer à zéro, comme si rien ne s'était passé. Mais j'en garde les cicatrices au fond de mon cœur et elles m'aideront à avancer.
Dans la semaine, je vais faire du shopping avec ma douce Annikov. J'ai envie d'une robe pourpre, la couleur des Phéniciens, pour commencer cette nouvelle partie de ma vie.
Après l'orage vient le beau temps.
Une page est tournée, mais l'histoire ne fait que commencer. »
Elle referme le carnet, ouvre un tiroir et y dépose soigneusement le journal. La phénicienne est grande maintenant. Elle n'a plus besoin de se confier, du moins, pour l'instant. |
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