Discussions autour de travaux manuels [PV Ukraine]

Le problème avec le hockey c'est que c'est un sport de gros bourrin.

Le problème quand on est Katya c'est qu'on a son petit frère chéri qui fait un sport de bourrin et donc qui fait parfois -souvent- toujours des déchirures sur ses sweaters de sport.

En général elle faisait ça paisiblement dans la salle commune slave. Ce n'est pas qu'elle n'aimait pas se mélanger mais l'ukrainienne était d'un naturel réservée, voir timide, qu'elle ne se jugeait pas souvent assez intéressante, que certains croyaient bon lui dire du mal de ses deux cadets comme si elle était un bureau de Poste des délits slaves et qu' en prime, les gens avaient une nette tendance à lui parler avec le regard baissé sur sa poitrine.

Autant de raisons pour parfois limiter ses relations extérieures quand bien même elle se languissait du groupe européen ♥.

Elle s'était préparée tranquillement: un coussin, sa tenue favorite d'automne qui se composait d'un short et d'un pull aux manches trois quarts, puis l'aiguille, le f... ah plus de fil blanc! L'ukrainienne reposa son ouvrage regardant un peu hébété le sweater de hockey au nom prestigieux de Braginsky. Une moue se dessina sur le visage de poupée et elle se demanda pendant à peine quelques secondes si ce serait très grave si elle cousait avec un fil d'une autre couleur.

Évidemment que ça le serait voyons!

Elle glissa hors du canapé et ramassant tout son ouvrage alla derechef à la source du fil de couture: la salle d'arts plastiques. Persuadée de n'y trouver personne un jour de semaine en soirée, c'est en courant presque qu'elle parvint à la porte qu'elle ouvrit d'un geste rapide en fredonnant un air à demi soupiré.

Tout ça pour rentrer et tomber sur une longue silhouette qu'elle croisait bien peu mais qui était aisément reconnaissable.

"Oh Afrique du Sud! " elle eut un hoquet stupéfait, la main sur sa poitrine et un sourire soulagée aux lèvres " t'u m'as fait peur ♥♥ je croyais qu'il n'y avait personne ♥"

Un coup d'oeil rapide et elle s'aperçut que l'africaine avait ses écouteurs. Oh. Un sourire polie alors. Cela valait bien plus que milles discours à ce qu'il parait.

Bien sur que c'était mignon. Il fallait bien que quelqu'un s'occupe d'Ivan dans cette maisonnée.

L'ukrainienne eut un sourire polie. Voilà qui expliquait définitivement le silence. Enfin silence... il y avait bien eu le son des écouteurs et de la musique tribal s'en échappant.

"Tak. C'est de la couture. Je venais chercher un peu de fil blanc... histoire que ce soit le moins visible possible."

La blonde étala sur la table le sweater, le nom aux lettres rouges de Braginsky s'étalant joyeusement sous leurs yeux. Elle passa un doigt sur la petite déchirure. Cela n'était pas grand chose, quelques points vers l'intérieur et il n'y paraitra plus. Du reste c'était le maillot d'entrainement même si... son frère ne faisait pas forcement plus attention quand c'était les maillots de match.

Katya avait bien tenté d'aller voir un de ces matchs mais autant voir autant de violence avec des crosses et des golgoths derrière un galet ne l'effrayait pas du tout -bien au contraire-, autant l'idée qu'on puisse ne serait-ce que pousser de l'épaule son petit frère chéri était hors de question.

"Mais je ne voulais pas te déranger Afrique du Sud ♥ Tu avais l'air occupée. De la couture également?"

Elle ne voyait pas trop ce que l'africaine voulait faire mais cela était impolie que de fouiner du regard et la slave garda un regard clair et azur vrillé sur le charmant visage de sa camarade de classe.

Nothembi fouilla dans sa poche pour prendre son portable, éteindre la musique et ranger ses écouteurs, s'asseyant sur un tabouret, une jambe repliée contre elle.

-  Ah ? Du fil blanc ? répéta la Sud-Africaine avant de regarder de ses yeux miel ce qu'elle avait dans la main. Il y en avait bien assez pour toutes les deux après tout. Justement, je viens d'en trouver alors si tu en veux un peu, n'hésite pas à demander !

Elle esquissa alors un grand sourire blanc qui tranchait avec sa peau sombre pendant que l'Ukrainienne étala le sweat. C'était plus impressionnant que l'Africaine avait pensé, cette dernière se mit à songer à combien de gens pouvaient l'utiliser comme couverture tant le vêtement était assez... volumineux. D'ailleurs il portait une déchirure. Le sport dans lequel le vêtement était utilisé était tout sauf gentillet en tout cas...
Ça rappelait d'ailleurs à Nothembi que nombre de ses maillots de rugby étaient dans un état comparable voire pire parfois. La jeune fille se donnant toujours à fond dans ce qu'elle faisait.
La Slave lui demanda alors si ce qu'elle faisait était aussi de la couture, la tirant de ses pensées.

-  Moi de la couture ? dit-elle en riant. Pas aujourd'hui non. Je voulais faire quelques trucs en perles comme dans la tribu Ndebele, dans mon pays. Et non, ne t'inquiète pas ! Tu ne me déranges pas le moins du monde !

Pour lui montrer le fait que sa compagnie ne la dérangeait pas, elle tapota un tabouret près d'elle avec un sourire. Après tout, qui était assez fou pour refuser un peu de discussion et de vie sociale ?

Katya regarda le fil blanc sans oser pour l'instant le demander. Un sourire aux recoins chaleureux et la jeune femme vint s'installer devant la sud africaine. Les chaises, ou dans ce cas précis, les tabourets de la salle d'arts plastiques étaient moins confortables que les sofas moelleux de la salle commune slave mais elle parlait si peu souvent avec les nations de l'aile africaine qu'elle n'hésita pas un seul instant à se poser un peu.
Les deux élèves étaient à l'Académie depuis suffisamment longtemps pour se connaitre ne serait-ce qu'un peu et l'ukrainienne se montrait toujours plus à l'aise avec des personnes de son sexe.

"Une tribu dis-tu?...oh tu fais des bijoux? J'ai toujours voulu apprendre en faire mais je n'ai jamais réussi à trouver le temps." Elle eut un sourire qui fit pétiller ses yeux. "Puis je t'avouerais que ma peau ne supporte pas trop ce qui est métaux lourd.  Le bois passe, l'or l'argent... mais dés que c’est du zinc, du fer ou du bronze mélangé, j'ai des réactions épidermiques désagréables."

Comme le collier qu'on lui avait offert cet été ♥ Celui-ci elle pouvait le porter au moins ♥.
La blonde pencha légèrement son visage indiquant le fil blanc tandis qu'elle étala sur ses genoux le sweater de son frère, prenant son dés et l'aiguille. "Je peux?"

Elle en coupa rapidement un très long bout et avec une habitude précise, mouille de sa langue le bout du fil, le passe dans l'aiguille, allonge, fait un nœud au bout et se met à coudre tranquillement.

"Merci ♥... Oh je crois qu'avec des perles néanmoins ça irait. Tu fais tout tes bijoux? ou c’est peut-être pour une occasion particulière? Le vert te va bien ♥ Tu devrais utiliser cette couleur ♥"

Nothembi ramena et plia une de ses jambes sur le siège du tabouret, la collant contre sa poitrine. Elle s'asseyait toujours d'une manière un peu étrange aux yeux des autres, disons qu'elle avait été une enfant assez active qui, même assise, ne pouvait s'empêcher de tester toutes les poses possibles et imaginables, et qu'en grandissant, elle avait pu garder en mémoire celles qu'elle préférait.
La jeune femme enfila rapidement une rangée de perles après avoir vérifié le croquis qu'elle avait fait au préalable. Son bloc-note était plein de griffonages d'animaux (surtout des félins) et de paysages divers ultra détaillés, c'était sur ce genre de dessins que la Sud-Africaine touchait sa bile, les silhouettes humaines étaient dessinées d'une façon tout aussi détaillées par moments et les croquis préalables des bijoux se rapprochaient plus de manuels de montages de meubles qu'autre chose.

- Oui. répondit la représentante de la Nation Arc-en-Ciel sans relever la tête, concentrée dans sa tâche. C'est la tribu de ma nourrice. Ils font des créations de perles magnifiques. Les motifs sont inspirés de leur architecture et mes trucs font pitié à côté. C'est tout un art. Tu connais les femmes girafes ? Elles viennent de la même tribu. Ce sont les Ndebele.

Nothembi arriva à terminer une rangée.

- Aïe.. Ta peau est fragile alors. dit la Sud-Africaine après que la slave lui ait dit ses problèmes avec les métaux. Je n'ai jamais eu de problèmes avec ça donc ça va..

D'ailleurs ça se voyait, rien qu'à voir le nombre de bijoux de toutes sortes que la jeune femme possédait. Elle laissa l'Ukrainienne prendre du fil blanc, il y en avait tellement qu'elle pouvait bien partager.

- Les perles ça ne fait rien, c'est léger, étanche et solide, tout bénef quoi ! Et pour les bijoux en perle je les fais moi-même. répondit-elle en souriant. Ça peut être colliers, bracelets, headbands, ceintures, boucles d'oreilles, portes-clés... Franchement je fais de tout mais mon ancienne nourrice est bien meilleure que moi. D'ailleurs elle m'a envoyée une.. "tapisserie", si on peut dire en perles pour mes dix-huit ans. C'est un monstre dans cet art.

D'ailleurs le bracelet porte-bonheur de Nothembi était le premier bijou que sa nourrice lui avait fait et avait trouvé sa place autour de la cheville de la jeune femme, et ce, depuis un bon paquet d'années.

Oui, elle était gâtée.

- Le vert tu dis ? répéta la Sud-Africaine avant d'esquisser un sourire. J'aime mettre plein de couleurs dans mes bijoux mais si tu le dis !

Elle termina le bracelet qu'elle était en train de faire depuis tout à l'heure avant de le tendre à l'Ukrainienne avec un grand sourire.

- Tiens si tu veux ! De quoi mettre un peu de couleur pour cet hiver ! déclara-t-elle avec un petit rire. Je t'en fais cadeau.

Nothembi aimait donner pour ne pas forcément recevoir. C'était dans sa nature.

HRP c: :

En définitive, la position des corps sur une chaise –tout comme la couleur favorite des gens ou le parfum de glace choisit- en disait toujours long sur la personne ou sur son état d’esprit. Si Afrique du Sud respirait l’originalité et la douce langueur, Katya était assise sagement, le dos droit malgré la poitrine. C’était douloureux parfois. Le poids constant qui tirait,  le soutien-gorge qui comprimait la cage thoracique…

Beau. Certes. Elle avait un bien joli décolleté, renommée académique, rondeur de pomelos rose, oui, oui, mais cela avait un prix en attendant. Et si vous le lui demandiez, elle aurait sans doute affirmé qu’il était un peu trop grand.

L’ukrainienne eut un regard pour le calepin de l’africaine et un sourire admiratif se dessina sur les lèvres. Elle dessinait bien ♥. Mais ce qui attira définitivement l’attention de la slave furent les perles.

Une myriade de couleurs ♥♥

Comme le disait à peu prés Franky Vincent, « ça fait rire les oiseau et ça fait chanter le soleil ».

La mode en ce moment était aux espèces de bracelets en plastiques mais les perles c’était tout même plus mignons et intemporels. La dernière fois, Katya avait vu un chient tout vêtu de ces bracelets nouvelle mode et elle avait eut un regard désolé pour ce dernier. Personne ne méritait ça, encore moins un mignon labrador aux oreilles fluffy.

Katya, continuant à coudre soigneusement, arqua un sourcil parfait vers Nothembi. Des femmes girafes ? Elle avait entendu parler. Elles mettaient des cerceaux autour du cou, l’allongeant au fur et à mesure des années. Une pratique courante pour s’embellir et pour se protéger des tigres, si fréquent dans ces zones du monde.

L’africaine ne put montrer les motifs des tapis mais l’aurait-elle fait que Katya aurait eu un sourire tendre.

Le monde était tout petit ♥ Et de Kiev à Nairobi il n’y avait au final qu’un tout petit pas. Car les motifs africains Ndebele, bien qu’extrêmement différent dans le tracé et les couleurs, n’étaient pourtant pas sans rappeler –dansun écho lointain- les motifs traditionnels ukrainiens. Il y avait un réconfort à savoir que l’Humanité avait un caractère propre, au delà des frontières,  des nations ou des couleurs de peaux.

L’identité, dont l’idée  était si choyé par certain, disparaissait au profit d’une universalité parfaite ♥.

«  C’est vraiment joli ! ♥ »

Et elle le disait du fond du cœur. Le fait que Nothembi parlait de sa nourrice avec autant d’affection indiqua rapidement à Katya qu’elle avait grandit majoritairement en sa compagnie. De toute évidence, la plupart des élèves de cette école avait un conflit inhérent avec leurs parents. Entre rejet, amour éperdu ou abandon intempestif.

Selon la slave, c’était dramatique.

Pas impossible, mais dramatique. Le cœur familial vous construisait en définitive et, à nouveau, elle estima la chance qu’elle et ses deux cadets avaient eu. Leurs parents, même séparés, avaient toujours été solides et aimant à leur encontre. Occupés certes, mais quels parents ne l’étaient pas au jour d’aujourd’hui.

« - Tiens si tu veux ! De quoi mettre un peu de couleur pour cet hiver ! Je t'en fais cadeau. »

La mine réjouie, Katya déposa son aiguille avant de tendre son poignet, histoire qu’elle le lui mette.

« Doit-on faire des vœux ? je confonds peut-être avec Brésil… leurs bracelets sont synonymes de chance je crois et quand ils se brisent, le vœu se réalise. »

La blonde secoue delicatement le poignet en faisant glisser les perles colorés sur sa peau.

« Merci Afrique du Sud ♥ Je le garderais précieusement. »

Un gage d’amitié était toujours précieux. La slave fut prise d’une légère toux qu’elle tenta de cacher puis reprit un peu son ouvrage. La fatigue la prenait ces jours derniers. Des relans de guerre, des disparitions de soldats. En général, le conflit l’affectait de manière physique et si elle avait perdu du poids par rapport à l’année dernière (depuis l’escalade de l’euromaidan), Katya arborait toujours le même air sempiternellement serein.

«  Tu n’as jamais pensé à en faire et les revendre ? dans un petit stand sur le marché ou alors à un tiers. Une boutique de bijoux et de sacs par exemple. » Elle se mit à vérifier que ce qu’elle avait cousu tenait bien. Le hockey demandait l’endurance des joueurs mais aussi des vêtements. « J’avais pensé à en faire de même avec des pâtisseries mais toute seule je ne sais pas trop. Et je suppose qu’il faut obtenir des autorisations. »

Elles sont mineures… même Katya. Au pays des hamburgers-en-folie c’est un peu 21 ans la date du te-faut-un-dentier-maintenant.