Du pain et des jeux ... mais surtout du foot [Vatican]

Le soleil brillait sur le stade de football, certes, il y avait quelques passages nuageux mais rien de bien dramatique et n'empêchait nullement de pouvoir jouer. L'italien du sud était vêtu d'un maillot bleu clair avec un short blanc. Les connaisseurs auront reconnu sans nul doute le maillot de l'équipe de la Società Sportiva Calcio Napoli, soit l'équipe que supportait avec acharnement Lovino. D'accord les Azzurri étaient arrivés 3eme de la Série A et vainqueur de la Coupe d'Italie, mais ce n'était absolument pas la raison de sa présence ici. Et oui, on évite de mentionner le sujet " Coupe du monde" sauf si on veut le mettre bien en rogne pour un long moment.

" Staje luntana da stu core,
a te volo cu 'o penziero:
niente voglio e niente spero
ca tenerte sempe a fianco a me!
Si' sicura 'e chist'ammore
comm'i' só' sicuro 'e te...
Oje vita, oje vita mia...
oje core 'e chistu core...
si' stata 'o primmo ammore...
e 'o primmo e ll'ùrdemo sarraje pe' me! "

Quitte à attendre autant le faire en chantonnant un peu non ? Et puis, qu'est ce qui irait mieux comme chanson que celle de l'hymne de l'équipe des Napolitains ?

" Quanta notte nun te veco,
nun te sento 'int'a sti bbracce,
nun te vaso chesta faccia,
nun t'astregno forte 'mbraccio a me?!
Ma, scetánnome 'a sti suonne,
mme faje chiagnere pe' te...
Oje vita.... "

L'italien se souvenait encore de la discussion qui causa sa présence au stade ce jour-ci et qui résultait à essayer d'aider le représentant du Vatican pour le sport. Qui dit sport à un italien et d'autant plus au méchu dit forcement calcio ou football pour les non italophones. Lui qui était généralement d'un naturel pessimiste il se mit à avoir quelques pensées positives. Après tout, on ne peut pas être nul à ce point et encore moins lorsque l'on vient de la botte.

Le ballon en mains, il finit par apercevoir Vatican arrivé au loin. Il n'allait pas faire de remarque par rapport à l'heure vu qu'il avait été lui-même en retard. Comme à son habitude, la ponctualité fut loin d'être l'une de ses qualités. Et normalement, il aurait fait le reproche, mais là il s'agissait du représentant du Saint Siège. De la seule et unique personne pour qui Lovino éprouvait un respect sans faille.

En le voyant arrivé à sa hauteur, il sortit en le vouvoyant bien évidemment.

" Buongiorno Vaticano ! Lei sta bene ? "

Autant le saluer dans leur langue natale, cela ferait plaisir aux deux. Et surtout, primo, ça changeait de l'anglais utilisé en permanence au sein de l'académie. Et deuzio, l'italien est une plus belle langue que celle des anglo-saxons, il n'y a pas à débattre sur ce fait.

Le ballon finit par tomber sur l'herbe puis de terminer sous le pied droit du méchu. Ce dernier, affichait un petit sourire qu'il gardait plus pour de rares occasions, oui sortez les appareils photos pour prendre des clichés. Des occasions comme l'était le fait de passer du temps avec son compatriote.

" Vous êtes prêt pour un petit entrainement ? "

Spoiler:

Chose suffisamment rare pour le signaler, le réveil fût relativement difficile ce matin pour le représentant du Saint-Siège. À l'habitude, plutôt matinal, il s'étonna lui-même de l'heure à laquelle son corps avait décidé de sortir du sommeil. Néanmoins, il avait peut-être l'explication à cet évènement peu banal : son inconscient avait eu le temps d'assimiler ce pourquoi il devait se lever et avait par conséquent tout fait pour éviter ce moment fatidique. Mais quel était donc cette chose à esquiver par tous les moyens ?

Le sport. Oui, le culte du physique et de son entretien, le goût de l'effort, l'amour des montées d'adrénaline et ... La seule matière scolaire qui faisait réellement défaut à Alessandro. En réalité, ce n'était pas vraiment un mauvais sportif ou quoique ce soit d'autre dans le domaine pour la simple et bonne raison qu'il n'avait jamais eu l'idée de pratiquer le sport par plaisir mais l'avait toujours fait sous la contrainte de l'enseignement.

Eh oui, notre bon catholique est un homme d'esprit et de foi. C'est le genre à partir tranquillement étudier un bon livre d'Histoire à la bibliothèque ou à se rendre à l'opéra du coin pour écouter l'un des fantastiques concertos du fameux compositeur russo-bulgare ( bien que sa mère soit arménienne ) Nikolaïl Lipantrovisky-Solvamoï. Oui, fameux. Vous devriez le connaître d'ailleurs, incultes ... Mais ce n'est pas la question. Non tout cela pour dire que Vatican était un garçon conçu pour évoluer dans les confortables salons intellectuels ou débats théologiques et historiques règnent mais pas sur un terrain de football. En fait, sur aucun terrain puisque cela impliquerait de toute manière de faire du sport.

Cependant, le côté "bon élève" de Vatican l'avait finalement emporté. Il devait faire des efforts et s'intéressait un minimum. Pas de négociations possibles. Après tout, cela ne devait pas être si difficile que cela, l'appréhension devait simplement jouer un rôle néfaste et créer ainsi un blocage psychologique. Et puis la matinée est belle, le ciel bien dégagé, le Soleil au rendez-vous tout comme la bonne compagnie puisqu'il jouerait avec l'un de ses amis latin, Lovino, le représentant du Sud de la péninsule italienne.

Sur ces dernières pensées, il finit de se préparer pour se aller à son rendez-vous sportif. Enfilant un haut blanc à manches courtes et un short doré, ne serait-ce que pour rappeler les couleurs de la Cité sainte même si elle ne possède pas d'équipe propre, le brun sortit du dortoir puis du bâtiment principal de l'Académie avec pour objectif le stade.

Ceci dit, on ne pouvait pas dire qu'Alessandro se désintéressait complètement du football. En bon italien un brin patriote, il suivait généralement la Coupe du Monde bien que cette année ne fût pas propice aux latins. Cependant, au-delà de ce petit minimum syndical pour un habitant de la botte, il n'allait pas plus loin dans sa contemplation et son appréciation du fameux sport au ballon rond.

C'est donc sur ce constat que Vatican arriva enfin sur le terrain, masquant dans un léger sourire à son partenaire déjà là, une petite angoisse inexplicable mais toujours palpable. Arrivant à la hauteur de l'autre sudiste, il garda son sourire qu'il accompagna cette fois d'un signe de la main avant de répondre à la salutation.

- Buongiorno Lovino. Grazie, je vais bien et toi ?

Comme toujours, le supporter Naples n'avait pu s'empêcher de vouvoyer le représentant du Saint-Siège. Pas que cela le dérangeait le cardinal en devenir, bien au contraire puisque cela marquait un respect profond à l'Église un peu trop absent dans cette Académie au goût du romain, mais comme il était son ami, il aurait bien voulu que Lovino fasse partie des exceptions qui se risquaient à le tutoyer. Peut-être plus tard ?

- Vous êtes prêt pour un petit entrainement ?

Le représentant du saint-Siège hocha la tête. Il appuya cette réponse gestuelle par un sourire plus franc et détendu à son interlocuteur comme pour un encouragement à continuer de montrer sa joie comme ce n'était pas dans ses habitudes d'italien grognon.

- Si, je crois bien.

- Si, je crois bien.

L'italien se nota mentalement de rester calme et surtout, surtout de ne pas y aller trop fort comme il le ferait habituellement durant les entraînements avec les autres élèves inscrits au club de football. Est-il nécessaire de rappeler qu'il se trouvait en présence du Saint Siège et du respect sans faille qu'il lui exprimait pour justifier sa décision ? Non ? Parfait. Le sud italien observa la tenu de l'autre en reconnaissant sans trop de difficultés la micronation qu'il représentait. Il faut dire que pour lui, ne pas reconnaître ces couleurs-ci serait presque un comble.

Il hocha la tête afin de signifier qu'il était également prêt pour l'entrainement. Lovino annonça tout de même la couleur avant de débuter par le b.a.-ba du sport footballistique.

- On va commencer en se faisant quelques passes alors.

Ce fut ce qui paraissait le plus logique comme échauffement. D'accord il y avait aussi le fait de courir autour du stade mais était-ce réellement nécessaire pour un match amical ? On pouvait bien s'accorder sur le non. Donc autant opter pour les passes.

Le ballon toujours sous son pied, le futur représentant de la partie sud de la botte italienne y assigna un coup de pied en direction d'Alessandro avec une force relativement moyenne. Il n'allait tout de même pas envoyer un missile encore moins à LA personne la plus respectable du monde ! Juste après la mama italiana. Puis, il s'écarta de sa place initiale. Avançant vers l'avant de quelques mètres avant de se stopper à une distance qu'il jugeait abordable. Et il jeta un coup d'oeil derrière lui afin de s'assurer que le prêtre en devenir avait bel et bien récupérer le ballon. À ce qu'il apercevait, oui, il avait bien repris le ballon. C'est déjà une bonne chose non ? Au moins, la partie la plus facile avait été réussi sans trop de problèmes.

- C'est bon ainsi pour vous ? Il n'y a aucun problème ?

Après tout il fallait bien savoir si Lovino n'avait pas frappé trop fort la balle ou encore si la distance qui les séparait désormais était convenable pour l'autre latin ou non. Parce que bon, être trop violent envers le représentant du Saint Siège serait comme commettre un péché. D'ailleurs, ça devrait être le 8ème pêché capital. Enfin bref, un sourcil légèrement arqué, il attendit la réponse qu'il espérait être positive. Après tout, il s'était contrôlé et ça, c'est un effort presque surhumain pour lui, d'autant plus quand on connait son attitude sur le terrain de football.

Une main écartant quelques mèches de ses cheveux qui le gênaient pour regarder et non il n'y a pas la fameuse mèche lovinienne dans le lot, il se tenait prêt pour recevoir à son tour le ballon. Son pied droit tassait l'herbe afin de faciliter la réception. Bien qu'honnêtement ça ne servait pas à grand-chose. Encore moins lorsque l'on est en plein match. À moins de vouloir absolument ralentir le jeu ou se faire chopper le ballon. Soit tout ce qu'il fallait empêcher de se produire.

Après quelques secondes, il vit la balle être lancée dans sa direction. Enfin à peu près, à une dizaine de centimètres sur la droite. Habituellement, Lovino aurait hurlé contre l'autre pour lui faire comprendre d'apprendre à viser et de tirer comme il faut et l'insulter en même temps. Mais pas là.  N'importe qui qui le connaissait un tant soit peu n'en reviendrait absolument pas de son changement de comportement en cet instant. Encore moins lorsqu'il lâcha d'un ton encourageant.

- Ce n'est pas grave, vous y arriverez mieux la prochaine fois ne vous en fait pas.