Chine avait rendez-vous avec l'autre asiatique au modeste dojo du gymnase de l'établissement. Un lieu qu'il connaissait bien mais qu'il n'avait pas fréquenté depuis bien longtemps. Et longtemps, chez une nation à l'Histoire millénaire, ça ne veut pas dire quelques semaines ou mois, mais plutôt trois ou quatre ans. En fait, depuis le "regrettable accident" qui lui avait coûté cette longue cicatrice dans le dos aussi disgracieuse que douloureuse, Yao n'avait jamais osé y remettre les pieds. Et comme souvent dans ce genre de cas, le temps a fait son œuvre et une peur assez prenante c'est installé. Le chinois avait vécu un souvenir marquant et sanglant en ces lieux et il n'avait pas vraiment envie d'un "retour aux sources".
Mais une promesse ne se trahit pas ou en tout cas, on fait au mieux pour essayer de la respecter. Et puis, pour contrer le mauvais sort, rien de mieux que de revenir dans un lieu de malheurs et y reprendre une activité normale. Pardon, l'aîné de l'Académie, superstitieux ? Oh, si peu ... De toute manière, la pluie battante n'invitait pas à rester plus longtemps dehors et c'est ainsi que tentant de chasser ses mauvaises pensées pour faire bonne figure face à Japon, il pénétra dans le hall de l'édifice, prenant directement le chemin du dojo.
Arrivant à destination, il se déchausse rapidement avant d'entrer dans la petite pièce parquetée, les chaussures de son uniforme en main, saluant au passage le portrait des maîtres d'arts martiaux accrochés sur l'un des murs de la pièce avant de s'incliner une seconde fois vers une autre partie de la pièce où été accrocher une multitude de drapeaux nationaux, marquant la provenance divers des enseignements de ce domaine. Ce genre de réflexes ne se perd pas. Il aura d'ailleurs un mouvement vers ce second lieu, allant remettre correctement le drapeau de la République Populaire quelque peu masquée par les drapeaux vietnamien et israélien. Oui, on est la deuxième puissance de ce monde et on l'assume comme tel ou alors on s'efface, on prend peur et finalement c'est la défaite.
Non, plus jamais ça.
- Je suis désolé de ne pas avoir été là pour t'accueillir quand tu es arrivé, j'étais en train de me changer ...
Le doyen se retourna en entendant une voix s'adresser à lui, relevant la tête et relâchant le tissu rouge du drapeau toujours dans sa main. Au moins, l'intervention rendit son esprit un peu plus alerte et un subtile sourire à peine crispé se dessina sur son visage.
- Ce n'est rien, pas besoin de t'excuser pour ça aru. Je ne savais pas que tu étais déjà là.
- Je vais t'attendre le temps que tu te changes aussi, j'imagine que tu ne vas pas te combattre dans cette tenue non ?
- C'est vrai même si au fond, ça rendrait la situation plus réaliste aru.
La phrase était légèrement teintée d'ironie. Un humour bienvenu pour le plus vieux qui sentait une atmosphère quelque peu tendue même si cela ne devait être qu'une impression que son esprit tourmenté lui donnait sur l'instant. Cela n'était peut-être pas le cas du côté de l'Empire du Soleil Levant.
- Je reviens, je n'en ai pas pour longtemps.
Et sans ajouter quoique ce soit, l'asiatique se dirigea vers le vestiaire. C'est vrai qu'il n'en eue que pour quelques minutes. Les codes vestimentaires pour la pratique des arts martiaux en Terre du Milieu était tout de même moins réglementaires qu'en l'archipel de l'autre présent et par conséquent, pas besoin de kimono et autres choses du genre. Ici, un simple bas ample et noir retenue par une ceinture de soie dorée à la taille suffisait. Et c'était à peu près tout hormis les bandages blancs que Yao avait prit soin d'enrouler autour de ses poignets et de ses mollets pour garantir un minimum d'amortie et de maintient avec les coups. Du reste, il était torse nu et les cheveux détachés.
Il s'avança au centre des tatamis, inspirant à grands coups et étirant ses bras et ses jambes à répétitions pour les échauffer, faisant l'exercice les yeux mi-clos.
- Bien, par quoi veux-tu aru ? Du pied-poing histoire de démarrer doucement ou tu es plutôt prises de bases et clés dès le début aru ?