Après ses premiers piaillements matinaux, Gilbird s'était sentie d'humeur aventureuse : La fenêtre du dortoir était ouverte (merci à Pays-bas qui fumait sa cigarette du matin), et pendant que son maître était encore en train de baver sur son oreiller à cause d'une gueule de bois carabiné de la veille, il prit l’initiative de voleter jusqu'à la liberté.
Mais déjà, rien que de sortir du petit lit de coton dans lequel il était confortablement installé pour rejoindre le sol était une épreuve : Il devait sortir, puis escalader l'étagère pour rejoindre le carrelage. Le petit oiseau prit une grande inspiration qui gonfla jusqu'à la dernière de ses plumes duveteuses, et sauta de l'étagère pour se retrouver en haut de la tête de lit, puis vola péniblement jusqu'au carrelage. Il regarda un instant son maître qui dormait toujours à point fermé, puis il sortit de son coin du dortoir, en longeant les murs tel une espion de mission impossible (mais en vachement plus mignon quand même). Le but de la mission, s'il l’acceptait, c'était de sortir de cette pièce sans se faire repérer, sinon c'était encourir le risque de se faire ré déposer à son point de départ, avec quelques tapotements gentils sur la tête en prime.
Mais il était à la différence de son bruyant propriétaire, plutôt discret. Ca restait un petit poussin, pas une oie (et d'ailleurs dieu merci, les oies c'est mauvais comme la peste, tout le monde vous le dira), même si sa couleur jaune (poussin justement) pouvais le trahir sur la moquette vert cul de bouteille maculés de tâches douteuses qui habillait la pièce. Il rasait les murs à toutes vitesses,enfin autant que deux cures-dents d'à peines 10 cm pouvaient vous faire aller vite, c'était loin d'être le Usain Bolt des gallinacés.
Grâce à une chaise située non loin de l'ouverture, il grimpa à la force de ses ridicules petites ailes sur le rebord de la fenêtre, et il tomba les fesses à terre sur la pelouse, piaillant sa douleur à qui voulait bien l'entendre (les deux merles perchés sur la branche en face se foutait bien de sa poire en tout cas). Il se reprit bien vite, et Gilbird continua son mirifique périple.
Il savait plutôt bien se repérer dans l'Académie, et il se remit à marcher vers « là où il y a beaucoup de miettes » (le réfectoire), parce que comme tout le monde, il crevait la dalle le matin. Une fois arriver devant la porte, il dû simplement profiter que quelqu'un sorte pour rentrer sans un bruit, et trouva la porte du self heureusement ouverte, ce qui lui évita de poireauter encore une fois. Mais si la porte était ouverte, quelqu'un devait peut-être y être ? C'était à double tranchant : Soit il allait vers la personne et prenait le risque de se faire rameuter par la peau des fesses vers son proprio ou alors, il serait gâter et ça aller être un banquet formidable, composé de miettes de pain et de corn flakes sucré. L'eau lui en montait déjà au becs.
Et comme il était un opportuniste (comme son maître encore une fois), il prit le risque de s'avancer vers la jeune fille assise seul à une table (ce qu'il trouva triste : Il avait toujours eu l'impression que les humains aimait se balader en bande, comme dans une basse-cour.). Il eu le courage, l'affront, le PANACHE de monter sur la table, pour lui faire ses yeux de petits poussins battus, afin d'obtenir sa pitance, en espérant que cela ne signifiait pas un retour brutale à la case départ...