Cahier de notes d'Anara Ten

Novembre

C’est une perte de temps nécessaire que d’écrire ici. C’est pour mieux comprendre, peut-être pour laisser une trace aux Kazakhstan futurs, que je le fais. J’espère que j’aurais été à la hauteur mais en attendant, il y aura eu ce témoignage.

Dans un peu plus d’un mois j’aurais 17ans.

Je me rends compte du temps que j’ai perdu durant mes premiers cycles à rire, gambader et apprendre cette langue rocailleuse. Des pertes de temps toujours aussi nécessaire qui s’achèveront quand je changerais enfin de classe.

Les chemins sont inéluctables. Ils ne sont jamais là par hasard. Ils ont été inventés par l’homme. Ils ont un début et une fin. Le début est à des kilomètres. Ma capitale, Astana, est une ville de campagne pour les gens d’ici. Elle s’étale, moelleuse et douce. Vaillante, malgré les températures glaciales. Notre glorieux président l’a conçu à partir de rien et elle se laisse faire, heureuse de livrer ses entrailles.

Nos terres n’ont pas besoin de nous. Elles continuent leurs offrandes et le Kazakhstan le fera bien après mon départ. C’est terrifiant de savoir qu’il existe une force infidèle, assez indépendante pour me retenir, si rattachée, à elle.

De quoi ressentir de la colère et de la gratitude.

Cet été, avant de partir, j’ai revêtu ma plus belle tenue, j’ai accroché des pièces de bronze et de métal précieux à mes cheveux. Mes plaines majestueuses ! Les steppes me voulaient belle. Elles réclamaient honneur et mes mains serraient si fort la bride du cheval qu’elles en devenaient blanches.

J’ai plissé ma tunique, rajusté ma coiffe. Les arbres veillent en sentinelle. Ils préviennent des tempêtes et des armées. On entend la branche écartée par des mains étrangères. Mon grand-père m’a toujours dit : si tu manges une pomme de nos contrées, mange-la sous l’arbre. C’est la moindre des politesses. Et surveille l’écorce. Si elle brille, c’est qu’il va pleuvoir.

Tous les mots du monde sont chez moi. Cela vaut bien tous les Dieux.

Cela vaut bien un rêve.

J’essaye. Année après année. Mais parler à Russie c’est comme parler au monde justement.  Je sais écrire et comprendre les graphismes, parler, séduire –je crois- et interdire.

Un jour ou l’autre il faudra bien construire.

C’est plus dur qu’il n’y parait et j’ai peur de ne pas réussir.

Ivan et sa sœur (la cadette, la plus âgée est repartie dans son pays de feu et de sang) ont cette expression douce et glacée qui les rend imprenables et effrayants.  Ils assument leurs actes avec simplicité, conscient que l’injustice fait partie de ce monde, comme le lièvre sait qu’il se fera dévorer par l’aigle. Une société bancale ne rêve que de piliers pour se lever enfin.

Si seulement ils regardaient vers l’est et le sud plutôt que vers l’ouest.

Notes sous deux dessins un peu bancals:

A.K. -> Il n'a pas l'air de se rendre compte de l'opportunité d'un nouveau conseil. Faire en sorte que.

H.I. -> Dangereux. (surligné)

Novembre

Je m’étais promis de ne pas faire de ce recueil quelque chose de trop personnel. C’est, après tout, pour les Kazakhstan à venir que je compile ces pages. Surement toi ou toi ou même encore toi plus loin, tu connaitras une différente Hongrie, un Corée du nord qui ne sera pas ta Némésis ou même un Écosse aura les cheveux blonds.

Sait-on jamais.

Ici, maintenant, les choses sont différentes. Les futurs représentants des nations sont tous agglutinés les uns aux autres. On dit qu’on est souvent tributaire de nos peuples. Malgré tout, je trouve que c’est une contradiction en soi. Certains semblent stagner depuis quelques cinquantaines d’années dans un monde qui n’existe plus...

A vrai dire, je serais honnête avec moi-même, j’avouerais que j’en faisais de même. Le professeur de Diplomatie et Coopération avait raison : je me limitais tout de même grandement à mes voisins directs. Tout est forcement plus facile ainsi. Les frontières sont communes, les intérêts centralisés. On sait où l’on va, avec qui et ce que l’on est. Un méga test de la mort sur le internet m’a dit que j’étais une Slytherin. Il n’y a pas de rapport me direz-vous et je n’ai pas encore lu cette série de livres anglophones mais j’ai cherché pour voir et voilà ce qu’il y était noté :

 

Eh bien j’aimerais bien justement! Il me semble récurrent qu’il y a parfois souci avec ma méthode. Elle n’est pas entièrement mauvaise mais quelque chose coince et je n’arrive vraiment pas à voir quoi.

Récapitulons voulez-vous et ce par nation sur qui j’ai plus ou moins testé :

- Croatie. Croatie est aimable et il sait monter à cheval. Cela en fait résolument le seul garçon convenable de cette école. Par contre il ne m’obéit jamais les yeux fermés. C’est excessivement contrariant. Il veut bien mais seulement si je lui explique.  En soi c’est une bonne chose mais on gagnerait tout de même beaucoup de temps s’il partait du principe que j’ai toujours raison :c. (Pas toujours, mais souvent).

- Féroé. Il est plus jeune, un peu comme mon petit frère. Pour optimiser les moments avec mon valet favori, j’ai demandé à Belgique des conseils. Elle m’a dit d’être mignonne et de faire ma sucrée. Je ne vois pas l’intérêt. Il devrait faire ce que je lui demande sans rechigner celui-là. Je suis plus âgée! Et une fille! Deux fois supérieure en tout point!

- Écosse : Le seul raisonnable. C’est l’influence capillaire probablement.

- Hongrie : est irraisonnable mais elle est tellement gentille que je ne vois pas l’intérêt de lui demander quoi que ce soit. Et puis c’est une amie ♥.

Il y a le cas Corée du Nord également mais celui-ci est dans une période sombre et obscure. Il était nettement plus facile à vivre avant. Il a néanmoins remplit sa part de marché. Je suppose que nous sommes quittes. Peut-être devrais-je lui présenter à mon tour des gens afin de le voir revenir à de meilleurs dispositions.

En parlant de relations de ce genre, Estonie semblerait tout à fait impressionné par la petite chose qui répond au nom de Lettonie. Future
capitale de la culture si j'ai bien pris mes notes. Il doit y avoir moyen de creuser là-dessus. J'irai parler au letton. Ca ne devrait pas être très compliqué de faire en sorte de le pousser à distraire un peu plus l'estonien de ses livres d'école.

J'ai gardé le meilleur pour la fin. Russie. Oh je crois qu'il ne m'apprécie pas encore assez mais j'ai bon espoir. Il étudie mal cela dit et j'ai besoin de le voir un peu plus sérieux dans tout ça. Tabula Rasa des punitions antérieures. Je ne fais pas d'Union avec des délinquants! Son carnet doit être irréprochable.
Lituanie avait l'air très étrange. Je n'ai franchement pas compris le baiser à Russie, mais les baltes sont tout à fait spéciaux. Vous ferez attention à eux, même dans vos générations. En tout cas il distrait Russie de ses devoirs. A voir.

Préparer un cahier pour le croate et un pour l'italien.

Convaincre Tomislav ♥