Il y a des heures perdues qu'il faut employer dignement ▬ PV Lituanie & Norvège.

15h02

La semaine commençait toujours doucement pour Liên.

Histoire. Arts appliqués. Littérature.

Le brelan d'As.

Cela ne la dérangeait pas de se lever le lundi matin pour se rendre à ces trois premières heures-là. Elle était même ravie de quitter le bruit et l'agitation de l'Aile asiatique – où le chaos avait régné pendant les deux jours de congés – pour retrouver les membres de la classe d'intermédiaire 1.



Et puis, le lundi divisait la classe en deux : ceux qui ne se remettaient pas de la semaine précédente (mais surtout de leur éprouvant et dur week-end de folies ) et ce qui étaient actifs dès la première heure ( en gros, ceux qui restaient au chaud le samedi soir. ) Le seul avantage était que la classe était particulièrement tranquille.

L'heure qui précédait la pause méridienne paraissait si fade après la littérature… Comme la Vietnamienne donnait toujours le meilleure d'elle-même pour les trois premières heures, elle se montrait moins attentive vers onze heures. D'ailleurs, il fallait bien qu'elle garde ses forces pour les deux heures qui suivaient...


Économie.


La jeune fille n'avait jamais été passionnée par cette matière mais le professeur qui l'enseignait possédait un charme indéniable pouvoir de transmission du savoir très élevé. Monsieur Beilschmidt avait beaucoup de classe. Il était de ces hommes qui respectent les règles et la discipline. Tel l'incarnation de l'idéal vietnamien, il se montrait très sérieux et rigoureux dans sa manière d'enseigner. Calme et impassible, ses cours étaient clairs comme de l'eau de roche. Ne laissant jamais ses émotions le dominer, il ne mettait jamais quelqu'un dans une situation désobligeante – aux yeux de Liên, il est très mal considéré  de montrer ouvertement ce que l'on pense – et donc, il mettait la jeune file très à l'aise.




Tandis que le cours s'achevait, les petits camarades de classe de Liên sortaient tandis qu'elle rangeait soigneusement ses affaires.



Camarades. C'était peut-être un mot un peu ambitieux.

Liên n'avait jamais considéré qu'elle se rendait en classe par plaisir ou pour se divertir. Elle assistait aux cours pour pouvoir endosser son rôle de Nation, et pour cela, il fallait travailler : la jeune Vietnamienne y accordait beaucoup d'importance.

Ainsi, elle faisait aisément  abstraction de l'enthousiasme fatiguant et abusif du futur représentant des États-Unis. Pourquoi ne pouvait-il pas être davantage comme son frère ? Ce dernier était d'ailleurs presque totalement inconnu pour Liên. En tout cas, cette dernière ne le croisait, ou ne le remarquait, que très rarement. De cette manière, ni Canada, ni Amérique ne pouvaient être des « camarades » pour elle.

Face aux jumeaux américains se dressait le duo coréen. La Vietnamienne avait la sensation de les connaître depuis toujours et avec le temps, elle s'était habituée à leurs comportements et leurs caractères, littéralement opposés.

Du côté des représentantes féminins, il y avait la jolie belge qui était une fille adorable. Peut-être trop pour que la Vietnamienne puisse l'approcher. Et la slovaque, elle, Vietnam ne la connaissait pas du tout mais cela ne la dérangeait pas.
Les étudiants avec qui elle s'entendait le mieux étaient ceux qui ne se faisaient pas trop remarquer : Vatican, Suisse, Norvège – enfin, lui, elle le surveillait discrètement, au cas où il ne cherche à trop se rapprocher de l'aile asiatique avec de mauvaises intentions en tête, aidé par un contact taïwanais que nous ne citerons pas ici – et  Lituanie.




15h04

La jeune fille balaya la pièce du regard, le professeur s'apprêtait à quitter la pièce. Peut-être pourrait-elle rester travailler dans la salle, en attendant la prochaine heure ?
D'autres, comme elle, paraissaient s'attarder. Ils avaient une heure de libre avant les deux heures de devoir de mathématiques de la fin de journée.

Elle jeta un regard dans son sac. Elle avait oublié son livre.
Non, rectification.
Elle avait prêté le sien à Yong Soo et le Sud-Coréen avait oublié de le lui rendre.

Elle leva les yeux. Les élèves qui discutaient près de son bureau étaient sortis. Elle se retourna pour voir s'il restait encore d'autres étudiants.

Toris Laurinaitis, aussi connu sous le nom de pays : Lituanie.

Rassemblant son courage, elle s'avança jusqu'à lui.

« Lituanie.. ? » l'interpella-t-elle, timidement. « Excuse-moi de te déranger…. J'ai oublié… mon livre de maths. Est-ce que je peux emprunter le tien ? »