Sous la galerie

Alors qu'il commençait les premières notes au piano, il ne pouvait s'empêcher d'afficher un grand sourire, heureux et fier. C'était le même sourire qu'il avait affiché lorsqu'on lui avait demandé de jouer le morceau d'ouverture. Il avait gardé la surprise jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il se retrouve là, à jouer sereinement une valse de Liszt qui résonnait dans la salle entière et signalait la première danse. Une valse...D'un côté il aurait aimé la danser avec Gilbert...mais il savait à quel point le germanique était frustré par ses progrès quelque peu lents. Et il était certain qu'il en aurait l'occasion plus tard dans la soirée.

Gott que c'était étrange...la pensée même qu'il veillerait à la bonne humeur du prussien (tout en le niant copieusement), l'idée même qu'il était son...cavalier. Quelle situation absurde, ridicule...aberrante pour lui. Et pourtant...il en était là. Ses doigts couraient élégamment le long du clavier, les notes s'élevant dans la salle, harmonieuses et intenses. Il aimait ce morceau à la fois traditionnel et vivant, plein d'étincelles. N'était-ce pas étrange? Roderich avait l'habitude de jouer avec un public qui écoutait d'une oreille...mais un public qui dansait la valse au rythme de ses notes? C'était un sentiment magnifique.

C'était sous la galerie qu'il se dirigeait donc, et il se mit à applaudir de façon lente, presque sarcastique en approchant de son cavalier :
   -Bravo, bravo l'artiste !
Il ne se gêna pas pour s'asseoir sur le banc du piano, en s'étalant pour au moins prendre les trois quarts de la place à sa disposition. Il était heureux de l'avoir retrouver, même s'il était toujours un peu amer pour cette histoire de première danse ratée, et il espérait bien se rattraper par la suite ! Il prit son plus jolie ton taquin et lui dit :
    -J'te voyais pas arrivée, j'ai crû que tu t'étais encore perdu! Enfin jusqu'à ce que je vois que c'était toi qui jouais.
Il ne quittait plus sont large sourire, et pour cause : En plus d'être content de l'avoir trouver et d'être enfin à ses côtés, il adressa un petit regard en coin à Monaco, et il attendait sa réaction avec impatience. Le prussien se délectait d'avance de sa mine surprise et outrée. Et ouais, c'était avec Autriche qu'il sortait, surprise !

Puis le regard de Gilbert se posa sur la piste de danse juste en face. Il regardait les autres danser, et se surprit à voir France avec...Serbie ? Et Vatican avec...Angleterre ?!! Décidément, il devait y avoir une ambiance particulière qui flottait dans la salle pour que des choses pareils se passe (surtout de voir Vatican danser avec un autre homme : Il était définitivement plus ouvert qu'il ne le paraissait). La seule chose qui était habituel, c'était Lovino et Antonio qui braillait l'un sur l'autre. Il s'étonnait cependant que Francis n'est pas encore sauter sur l'occasion pour danser avec l'anglais. Ou sauter dessus tout court, d'ailleurs.

En terminant doucement le morceau, il sursauta un peu en entendant sa voix, esquissant un sourire mêlé de culpabilité. Il l'avait attendu tout ce temps...

"Merci..." Le brun soupira un peu. "Ah...oui, je suis désolé, je n'ai pas eu le temps de te le dire avant qu'ils me demandent de jouer...et je ne voulais ni refuser, ni te...comment dire...décommander. Bien sûr que non."

Il prit un air gêné et joua un peu avec la plume de son chapeau, vu que sa mèche, normalement torturée...était couverte par ledit chapeau. Ceci en détaillant le prussien des pieds à la tête, avec un sourire; il n'avait jamais vu le costume traditionnel auparavant. Ce n'était pas comme si ils en discutaient avant, entre deux répliques moqueuses. Etrange...à quel point tout avait changé. Le brun n'était même pas sur le point de le pousser du banc du piano comme il le faisait habituellement. Même si il le poussa un tout petit peu tout de même, histoire de récupérer du territoire.

Hmm...peut-être que je pourrai t'accorder une valse pour de bon, dans la soirée...si tu veux...mh..." Roderich cacha sa réserve en haussant légèrement un sourcil. "...si tu te sens prêt suite à nos cours..." ajouta-t-il d'un petit air amusé et presque malicieux, se rapprochant de lui - non sans jeter un regard quelque peu gêné envers Monaco, la saluant d'un petit signe de tête...allons bon, pourquoi fixait-elle de la sorte? Ils ne faisaient rien d'incorrect voyons! C'était surprenant de sa part.

"Merci...Ah...oui, je suis désolé, je n'ai pas eu le temps de te le dire avant qu'ils me demandent de jouer...et je ne voulais ni refuser, ni te...comment dire...décommander. Bien sûr que non." 
Il opina du chef. Il s'en doutait qu'on lui avait demander, et qu'il n'a pas été jouer pour le plaisir (quoique ça n'avait pas eu l'air de lui déplaire,bien au contraire). Il aurait pû quand même faire un crochet rapide pour lui dire bonjour, ça aurait été la moindre des choses, et si on veut vraiment, on trouve toujours le temps...

"Hmm...peut-être que je pourrai t'accorder une valse pour de bon, dans la soirée...si tu veux...mh..."
Gilbert se redressa d'un coup, comme un chien que son maître appelait : C'est tout ce qu'il voulait entendre de sa part, et il l'avait maintenant entendue ! Il se rassit correctement, et esquissa un grand sourire, franc et sincère, qui différait de ses sourire acérés habituel. Il ne cherchait pas à lui témoigner son envie profonde de l'enquiquiner habituel pour une fois.
 "...si tu te sens prêt suite à nos cours..."
L'albinos reprit une expression malicieuse plus habituel, qui faisait étrangement écho à la tête que faisait son interlocuteur. Il lui répondit d'un ton mordant :
« T'as intérêt à me l'accorder cette valse ! Sinon ça voudrait dire que je me suis fait chier à me faire beau comme un camion pour rien ! Et t'inquiète pas, je me suis jamais sentit aussi prêt de ma vie. »

Dans sa joie et son excitation soudaine, causé par l'idée d’impressionner tout le monde sur le dancefloor par ses in-croy-ables capacités de danseur et d'en remettre une couche sur l'apparent dégoût de la monégasque, il se surprit lui-même à lui prendre la main et à entrelacer ses doigts au siens. Le prussien prit tout de même le soin de jeter un coup d'oeil aux alentours pour voir si personne ne les regardaient, mais tout le monde avait l'air d'être occupé, et tout de toutes façon le piano les cachaient à moitié. Toutes ses marques d'affections lui paraissait encore un peu étrange, mais tout doucement, il commençait à s'y faire.

Le brun sursauta un peu en sentant ses doigts saisis par le prussien, le fixant avec surprise et incertitude, regardant brièvement autour comme si on allait les surprendre et pointer le doigt vers eux pour...pour quoi d'ailleurs...? Il n'était pas bien certain. Ils avaient conclu tous deux que c'était préférable d'être discrets en public mais ceux qui savaient (qui étaient en plus grand nombre que ce que Roderich avait envisagé), ne semblaient pas pour autant scandalisé. Ceci étant, il avait magistralement réussi à ne pas voir l'air de dégoût de la demoiselle Monaco, et ce probablement grâce à une vision aristocratique extrêmement sélective. Roderich serra doucement sa main, se levant et l'entraînant calmement à sa suite.

"Tu auras toutes les valses que tu veux..." dit-il d'un sourire calme, serein...le même sourire qu'il arborait au piano, en fait...quand il n'avait pas à s'énerver, se vexer, s'épuiser à moraliser...non, rien ne pourrait l'atteindre ce soir.

....Mis à part cette bande-son...moderne. Et il joua nerveusement avec sa mèche.

"...mais je ne connais pas les danses correctes pour ce type de musique..." ajouta-t-il d'un air quelque peu gêné...et indigné également. Allons, pourquoi passer ces...'chansons' si un disque des meilleures valses viennoises ferait parfaitement l'affaire?!

Gilbert était surpris que son cavalier l’emmène par la main de la sorte, sans honte.Son geste de tout à l'heure avait plutôt vocation à être discrète.Il commençait bien à s'y faire à cette situation (avec tout le monde qui était maintenant au courant, il fallait bien), mais il ne pensait pas que c'était réciproque. Mais ça ne lui déplaisait pas au contraire : Il n'aimait pas non plus s'afficher devant  tout le monde (c'était bien le seul cas où il n'aimait pas qu'on le remarque de trop d'ailleurs), mais c'était agréable de pouvoir être avec lui en agissant comme un couple (presque) normal, sans pour autant être en permanence sur ses gardes.

"Tu auras toutes les valses que tu veux..."
Il ne pu pas refréner un grand sourire...
"...mais je ne connais pas les danses correctes pour ce type de musique..."
...Pour le perdre aussitôt.

Oh non non.

C'était sur la piste qu'il l’emmenait, là tout de suite maintenant ? Tout mais pas ÇA. Le fait est que le prussien danse comme un pied. Mais vraiment, aussi bien que deux pieds gauches mal-formés. Il avait bien tenter de prévenir Roderich auparavant, en minimisant le problème certes afin de garder la face (parce que franchement, qui voudrait d'un cavalier dont la danse ressemble vaguement à un lombric souffrant d'épilepsie ), mais ça ne l'a donc pas dissuadé ?
Il le retint ,fermement mais non sans délicatesse,par la main afin de le freiner :
« Maintenant  tu veux dire ? T'est sûr, tu veux pas attendre un autre morceau ? »

Surtout que Aerosmith, ça lui donnait envie moyennement envie de valser de façon langoureuse, non: Ça lui donnait plutôt une irrépressible envie de brailler les paroles en effectuant un superbe numéro d'air guitare.

Après avoir quitté la piste de danse, Espagne était sur le point d'aller poser son royal séant quelque part, parce que mine de rien, à part le bâfrage de début de soirée et un pauvre gobelet de jus d'orange au milieu, il n'avait fait que se dandiner. Et se faire insoulter par Lovi, mais ça, c'est son quotidien. Il avait d'ailleurs repéré que ledit Lovi était au buffet, et comme Espagne est en somme d'une incroyable innocence, NON, il n'avait toujours pas compris ce que le fourbe était en train de faire.

Alors il s'était laissé tomber sur un siège - doit bien y avoir des sièges, bon dieu, ou plutôt, il y avait posé un quart de fesse avant de bondir comme s'il s'était assis sur un oursin. LA MUSIQUE. IL FALLAIT RETOURNER DANSER RIGHT NOW. Et celle là, elle criait fort GILBERT ET FRANCIS.
Trouver le prussien n'était pas difficile. Il l'avait localisé depuis un moment, qui tenait compagnie à Autriche. Mignon !

Moins mignon, Espagne qui se précipite vers eux, manque tout juste d'entrer en collision avec le piano - ce qui aurait probablement compromis la suite des évènements pour cause de tabassage rituel autrichien - et les interrompt d'un bruyant

"GIL, TOU ENTENDS ?? IL FAUT LA DANSER !! AUTRICHE, YE TE L'EMPRUNTE, HOMBRE !! YE TE LE RENDS APRÈS, ENTIER... normalement."

Le 'normalement' était lancé au vent, après avoir impitoyablement empoigné le poignet de Prusse et l'avoir tiré avec un enthousiasme débordant.

Kidnapping du poussin : done. Où est l'autre ?? Où ?? Où ??

Plop.
Ca c'était le bruit de la petite bulle de bonheur en couple qui venait d'être percé sauvagement par un espagnole en furie qui braille de partout.

"GIL, TOU ENTENDS ?? IL FAUT LA DANSER !! AUTRICHE, YE TE L'EMPRUNTE, HOMBRE !! YE TE LE RENDS APRÈS, ENTIER... normalement."

Le pauvre, il avait le cerveau sans dessus-dessous. Il comprenait pas ce qui lui arrivait. Quoi, « la danser » ? Ah oui, il parlait sûrement de la musique qui avait soudainement provoquer chez lui un irrésistible fourmillement fessier que Antonio avait dû lui aussi ressentir, comme un stimuli intra-bft qui indiquait qu'une connerie devait se faire. Encore mieux qu'un signal projeter dans le ciel à la batman.

Empoigné de force par un Tonio survolté, il opposa un peu de résistance avant de se faire emporter dans la confusion générale. Il se contenta de brailler un « Desolé Roderich ! » à la volé.
C'était sûrement vers la piste qu'il l’emmenait. A la fois ça le réjouissait, dans le sens où faire l'abrutit avec ses copains c'était son talent principale, surtout quand ça incluait de bootyshaker furieusement sur une musique au goût douteux. Mais en même temps, l’optique de se déhancher avec l'élégance d'un hippopotame dans un tutu devant l'autrichien ne le mettait pas en joie.

Alors c'est mi-figue mi-raisin qu'il se faisait traîner comme un vieux sacs à patate à travers la salle.

Roderich trouvait tout cela fort suspect...comment ça il ne voulait pas danser tout de suite? Il avait honte de LUI peut-être? Il boudait un petit peu, tout en ignorant évidemment le fait que c'était plutôt le prussien qui semblait avoir un petit malaise par rapport à cela. Mais ce malentendu fut interrompu par une intrusion plutôt....brutale. Et...sonore. Espagne, en somme.

"GIL, TOU ENTENDS ?? IL FAUT LA DANSER !! AUTRICHE, YE TE L'EMPRUNTE, HOMBRE !! YE TE LE RENDS APRÈS, ENTIER... normalement."

..........Comment ça, normalement?!

Roderich n'eut pas le temps de réagir que déjà l'espagnol avait kidnappé SON cavalier. Et comment ça il y opposait aussi peu de résistance? Ah, MAINTENANT il ne rechignait pas?

« Desolé Roderich ! »

..Oui il serait désolé oui! L'autrichien fronça les sourcils, se retrouvant seul, tenté même de bouder et de laisser Gil se déhancher stupidement avec ses amis, si il y tenait plus qu'avec lui!...Mais il eut un pincement au coeur. Avant une détermination farouche en entendant l'annonce.

Ah non, la dernière danse serait pour lui!

Et il se lança à la suite de l'espagnol et de son ami captif avec une énergie relativement surprenante, vu ses talents habituels en sport.