Deux filles et le shopping [South Africa]

Après une semaine de cours supposés être assimilés, de leçons aussi efficace que les somnifères d’un insomniaque, de contrôle révisés la veille seulement et de devoirs qui prennent plus d’une heure du temps libre le soir, c’est enfin le week-end ! Et que font les élèves de l’Académie lorsque le Dimanche pointe son nez ? Certains restent dans l’établissement scolaire histoire de bien se reposer, d’autres décident de sortirent pour diverses raisons : sorties entre amis, rendez-vous romantiques, ou juste un peu de shopping pour les filles. Et justement, Monaco faisait partie de cette dernière catégorie.

C’était un après-midi plutôt frais. L’été était désormais terminé, et les jours pluvieux d’automne venaient de prendre le relais. Des nuages gris couvraient le ciel, empêchant le soleil de resplendir, et annonçant une possibilité d’averse. C’est pour cela que la monégasque avait emporté son parapluie avec elle. Or de questions que ses beaux cheveux finissent trempés ! Et comme il commençait déjà à faire frisquet dehors, elle s’était enveloppé dans son long manteau rose favoris. Vous direz sans doute que cette jeune fille douillette est très frileuse. C’est un peu le cas, vu qu’elle est la future représentante de la Principauté de Monaco, et qu’elle a donc vécu une bonne partie de sa vie près de la Méditerranée. Elle préférait donc se protéger au maximum contre le froid, et éviter d’attraper une rhume.

Donc, Monaco est de sortie en ville, pour faire du shopping. Qu’achète-t-elle ? Un stock de vêtements. Etant un peu la « fille à son papa », ce dernier, ainsi que sa mère, venaient de lui envoyer de l’argent de poche pour qu’elle puisse se fournir des vêtements pour l’hiver. Mais, par rapport aux années précédentes, ils avaient décrété qu’ils lui en enverraient moins, voulant être sûrs que leur chère fille se contente de vêtements, et non pas de babioles inutiles. De plus, ils avaient remarqué une légère baisse dans deux matières, et ne parlons pas du Sport, dont la moyenne n’augmentait même pas d’un seul petit point. Pas qu’elle n’aimait pas le sport, au contraire, c’est juste que son pauvre petit corps manque d’endurance et ne lui permet pas de faire le tiers des sports donnés en cours d’année. Elle n’excellait qu’en danse, plus précisément le ballet, grâce à son club, mais c’était loin de suffire.

Revenons donc à notre duchesse. Son sac à main autour des épaules, avec le parapluie qui ressort puisqu’il ne peut pas rentrer totalement dedans, elle marchait dans la rue, au milieu des autres passants qui faisaient eux-mêmes leurs emplettes. Elle venait de quitter son troisième magasin, mais n’avait qu’un sac remplis d’achat dans sa main gauche. Monaco était du genre exigeante en matière de vêtements, ne voulant porter que les meilleurs tissus. Du coup, une seule boutique avait pu répondre à ses besoins, et encore, elle avait posé milles questions à la vendeuse à propos de la fabrication de chaque vêtement qu’elle avait choisi. Sans doute les autres clients l’avaient fixé bizarrement, autant que la pauvre vendeuse qui fut cependant assez patiente pour tout lui expliquer. Et, satisfaite, Monaco était ressortie. Maintenant, elle continuait à marche dans les rues commerçantes, à la recherche de d’autres vêtements chauds, épais et de qualité pour cet hiver.

Elle s’arrêta devant la vitrine d’une boutique de chaussures. Elle s’approcha et regarda le prix des bottes devant elle : elles étaient en promotion. Elle fixa ensuite la paire : noire, grande, le cuir dans lequel ils étaient fabriqué semblait d’assez bonne qualité. Il fallait désormais voir si la boutique en possédait à la taille de ses pieds, qui ne dépassaient pas 37. Elle s’approcha de la porte d’entrée et ouvrit, faisant tinter une petite sonnette. Qui sait, peut-être reconnaitrait-elle quelqu’un de l’Académie, à l’intérieur…

Monaco parcourut la boutique des yeux. Il y avait plusieurs clients, mais aucun ne ressemblait à un élève de l’Académie. Elle s’avança entre les étagères remplis de bottes et de chaussures, à la recherche de la paire qu’elle avait vue dans la vitrine. C’est après avoir cherché pendant deux bonnes minutes qu’elle les vit, exposé aux clients par-dessus des boîtes contenants la même paire, mais de différentes tailles. La jeune fille se pencha et parcouru les inscriptions sur chaque boîte, à la recherche du nombre 37. Mais elle n’en trouva pas.

Loin de se laisser défaire pour autant, elle s’empara de la paire mise en exposition et se dirigea à grands pas en direction des comptoirs d’achat, dans le but de poser quelques questions aux vendeuses. Avec un peu de chance, elles possédaient ces bottes en taille 37 et les avait juste mis de côté parce qu’il n’y avait plus de place… Elle se mit à patienter derrière la petite queue que formaient les clients. Lorsqu’enfin, elle arriva à la hauteur de la vendeuse, elle lui présenta la paire et lui demanda :

- Excusez-moi, auriez-vous cette paire en taille 37 ?

Au même moment, elle entendit une voix venant d’à côté :

- Excusez-moi, c’est du vrai cuir ?

Près d’une vendeuse qui rangeait des boîtes de chaussures sur les étagères se tenait une jeune fille plus grande qu’elle, au teint mat, aux cheveux bruns et aux yeux ambrés. Elle la reconnu en tant qu’Afrique du Sud, une autre élève de l’Académie. Elle tenait une paire de bottes à talon dans ses mains. Monaco haussa un sourcil. Même si elle ne connaissait pas A.S – pour faire plus court – plus que ça, elle ne se rappelait pas l’avoir déjà vu avec des chaussures à talons. Elle observa les divers sacs pendus à ses mains et compris que l’africaine faisait elle aussi son shopping pour cet hiver. En témoignait les pulls et les bonnets qui dépassaient.

Elle se retourna vers la vendeuse lorsque cette dernière lui indiqua qu’elle allait chercher dans la réserve. Elle l’invita à chercher d’autres chaussures en attendant. Monaco la remercia, puis s’écarta pour laisser les autres clients faire leurs achats, tandis qu’une autre vendeuse prenait la relève. Elle se retourna vers A.S avant d’aller dans sa direction. Elle balaya du regard les paires de chaussures exposées sans pour autant y porter un grand intérêt. A.S parlait toujours à la vendeuse. Elle attendrait qu’elle ait fini avant de lui faire un coucou.

Monaco continuait d’analyser les paires de chaussure devant elle, sans grand intérêt d’ailleurs puisqu’elle avait déjà trouvé son coup de cœur. Mais elle fut assez vite interrompue dans son observation :

- Hey ! Alors on fait aussi les boutiques de ton côté ?

Elle se retourna. C’était justement A.S qui venait de finir de discuter avec la vendeuse. Avec un sourire amical, la monégasque lui répondit :

- C’est cela. Je dois me préparer pour l’hiver qui arrive puisque je n’ai aucun vêtement de saison dans ma garde-robe.

Une petite pensée lui vint alors. Est-ce qu’Afrique du Sud pouvait supporter l’hiver ? Après tout, elle venait d’un pays où il faisait chaud, et où rares étaient les températures froides. Elle baissa la tête vers le sac de l’africaine, remplit de vêtement en laine.

- Et à ce que je vois, tu n’as pas chômé non plus, fit-elle remarquer.

Pour sa part, dans son sac, il n’y avait que deux pulls, une longue robe d’hiver et des bonnets. Et pourtant, elle avait sans doute passé autant de temps que l’africaine à chercher des petites bonheurs au quatre coin de la ville. Mais ça, c’est parce qu’elle exige le meilleur pour sa garde-robe. Est-ce qu’A.S avait pris ses propres vêtements au hasard, ou tout comme elle, elle préfère la haute-couture ?

- On peut dire ça ! Je fais le tour des magasins, friperies et autres... Du moment que je trouve un truc qui me plaise et de bonne qualité !

Monaco hocha la tête, appuyant les dires de l’Africaine. Elles avaient au moins quelque chose en commun à propos des habits : elles prenaient ce qu’il leur plaisait, avec une bonne qualité si possible. Enfin, si possible… La monégasque voulait la qualité, elle ne se donnait pas vraiment le choix.

- Et toi apparemment t'es plus sélective à ce que je vois...

Et c’est justement parce qu’elle exigeait une garde-robe parfait qu’elle n’achetait pas grand-chose. Elle lança un regard vers son sac peu remplit et se dit qu’avec si peu de vêtements, elle ne tiendrait pas l’hiver. Pour une fois, elle maudit son côté « Aristocrate à peau délicate qui ne supporte que les vêtements de haute couture ».

- Le défaut d’être né dans un milieu aisé… soupira l’adolescente. Une fois qu’on a baigné dans les beaux vêtements, on ne peut plus s’en passer. Du coup, on restreint nos choix sur les beaux tissus et les matières de haute qualité.

Au moins, elle s’en rendait compte. Elle aurait pu être une petite peste et se laisser aveugler par la richesse de sa famille au point d’en devenir une casse-pied… Bon, d’accord, elle avait toujours des exigences la rendaient parfois énervante aux yeux de certains. Mais elle faisait des efforts pour ne pas de montrer hautaine, même si son côté duchesse et sa fierté prenaient parfois le dessus. Monaco jeta un coup d’œil vers le comptoir ; la vendeuse n’était pas encore revenue. Elle avait encore un peu de temps à discuter avec Afrique du Sud.

Monaco observa un petit instant l’africaine, pour mieux étudier son physique. D’abord, comme tous les habitants du continent africains, sa peau était sombre. Rien de particulier  de ce côté-là. En revanche, Afrique du Sud possédait des yeux ambre, une couleur étrange, qui contrastait avec son teint. Un petit coup d’œil vers une femme qui passait non loin d’elles lui indiqua qu’elle aussi l’avait remarqué, et vu son air, elle aussi trouvait cela très singulier. Mais cela avait beau sortir de l’ordinaire, la monégasque n’y voyait rien d’effrayant et, au contraire, trouvait cela très intéressant. En y repensant, tous les futurs représentants de pays possédaient des particularités qui les sortaient de l’ordinaire.

La porte de la boutique s’ouvrit, laissant entrer un nouveau client. Le vent froid qui s’incrusta à l’intérieur fit frissonner Charlotte, qui remonta un peu plus son manteau rose. Elle entendit A.S faire un commentaire :

- Qu’est-ce que ça craint, l’hiver…
- Ça, tu l’as dit… répondit Monaco en reniflant.

Elle sentait qu’un petit rhume n’allait pas tarder à l’embêter pour plusieurs jours.  Voilà une autre raison de ne pas apprécier l’hiver : les maladies qu’on y attrape. La petite duchesse ne put compter le nombre de fois où elle fut sujette à des virus en tout genre, allant du simple nez qui coule à la grippe qui la clouait au lit. Pour éviter d’attraper des microbes, elle s’armait de tube de crème antibactérienne et s’en collait au moins cinq fois dans la journée. Là, elle n’en avait pas, mais elle comptait s’en acheter à la pharmacie la plus proche.

Elle entendit une femme l’appeler et se retourna : il s’agissait de la vendeuse à qui elle avait demandé une taille correcte pour les bottines qu’elle avait remarqué plus tôt. Elle était revenue avec une boîte contenant une taille 37 de la paire. Elle la remercia, et se retourna vers A.S.

- J’ai ce qu’il me faut, donc je pense que je vais y aller, dit-elle.