The Danish way to Fight [Danny]

De l'avis d'Eduard, les séances HARP étaient un mal nécessaire. Bien sûr, à choisir, il préférerait être spectateur des évenements plutôt que de les vivre. Mais certaines choses ne pouvaient se comprendre qu'en participant. Comme en saut en parachute. Ou comme une claque par Russie. C'était pénible, mais il fallait le faire -pas se faire frapper par Russie, hein, mais les séances HARP. Quoique, selon les périodes couvertes, ça revenait au même.

C'était un peu pour cela qu'il avait accepté la demande du danois d'une séance tout les deux. Quitte à commencer l'année, il préfererait encore que ce soit par un evenement plutôt calme qu'en plein milieu d'une famine ou d'une bataille. Bien sûr, Danemark était plus porté sur la baston, mais ils avaient finalement pu se mettre d'accord sur avant l'entrée en guerre contre les Novgorods. A Tallinn, donc. Eduard se demandait quel aspect avait la ville alors, les remparts de pierres identiques à ceux qu'ils connaissaient, mais contenant des choses bien différentes.

Il rentra son code et la période, soupirant alors qu'il s'installait. Il appréciait Danemark, mais il devait avouer qu'il était toujours inconfortable au début des sessions.


Estonie détestait les visites de Danemark.

En tant normal, il était libre de ses mouvements. Tant qu'il s'aquittait des taxes et ne tentait pas de se lancer dans une guerre contre ses voisins -peu de chances, il avait beau detester les teutons, il y avait le letton avec lui, et bigre ce qu'il était effrayant avec un brin de muguet-, le vice-roi Thorkill fermait les yeux sur le fait qu'il n'allait pas à l'église ou s'absentait plusieurs jours d'affilés sans préavis. La vie était plus ou moins bonne, peut-être pas autant que quand il pouvait partir en raids avec Courlande contre les scandinaves ou faire d'immenses fêtes païennes, mais au moins il avait droit d'avoir sa lame à sa ceinture et pouvait parler familièrement à son confrère nation.

Mais quand le dit confrère annonçait sa visite, c'était terrible. Il était confiné entre les murs de Tallinn -de son vrai nom Reval, mais Estonie se faisait un malin plaisir de créer ses propres noms plutot que d'utiliser ceux du danois- pendant un temps qui lui semblait infiniment long. Certes, pour quelqu'un sensé vivre aussi longtemps que lui, deux jours ne devait pas lui faire peur, mais là, cela faisait déjà une semaine ! Tout cela parce que les fils du roi vennaient eux aussi participer à la guerre ! Encore heureux que Valdemar II était en trop mauvaise santé pour venir, s'il avait du passer un jour de plus loin de ses forêts, le garçon serait certainement devenu fou.

Parcourir les remparts de pierre qu'il avait autrefois essayer de démolir allait bien pour un temps, mais lorsque même l'air marin ne suffisait plus à le soulager de son ennui, il n'y avait pas tellement d'activités qui se proposaient à lui. Les marchands avaient finis par comprendre qu'il fallait se méfier de la ruse du garçon en besicles -des verres de vue qui se fixaient sur le nez, un cadeau de Danemark quand il avait compris ses problemes de vues-, mais comment pouvait-il rester bouche cousue quand il voyait des arnarques grossières comme il y en avait des fois lieu ?

C'est dans des moments comme ça qu'Estonie regrettait de ne pas savoir lire. Il avait bien essayé d'apprendre, mais son esprit était trop solidement ancré au peuple estonien, analphabètes puisque personne n'avait daigné leur enseigner ; les mots n'étaient que des suites de symboles sans sens, il se rettrouvait avec un bon mal de tête et ne faisait aucun progrès. Les partitions, ça, il comprennait, mais c'était beaucoup plus simple, beaucoup plus lié à l'audition, et il avait bonne oreille pour différencier les sons -sauf quand il s'agissait de comprendre la langue danoise. Qu'est ce que c'était compliqué. Ils étaient parfois obligé de passer par la langue des germaniques pour se comprendre, si ce n'était pas terrible, ça.

Autant dire que, lorsqu'une personne est venu prévenir les hautes autorités du duché que le bateau était sur le point d'arriver, c'est limite si le jeune homme n'avait pas bondit sur ses pieds pour se précipiter au port. Enfin ! Il commençait à se dire que Danemark avait été kidnappé par des sirènes, ce qui ne l'aurait pas perturbé si cela avait été sur le voyage du retour, mais c'était intolérable quand on le faisait attendre !

Bien sûr, même en se dépechant, il y avait déjà foule au port. Ce n'est pas tout les jours qu'un membre d'une famille royale visite le duché. Personnellement, Estonie se moquait un peu de cela ; passe encore pour Abel, qui monterait certainement sur le trône un jour, mais Canute ? Il n'arrivait pas à le prendre au sérieux depuis que, à l'aide de ses camarades estoniens, ils l'avaient destitués de son titre de duc d'Estonie il y a quoi ? 20 ans ? Que le temps passait vite en s'amusant.

Non, la personne qui interessait le garçon était tout autre. Lorsqu'il apperçu ses cheveux hirsutes, defiant la gravité, il tenta d'attirer son attention.

"Taani! "

Etait ce qu'il ne l'avait pas entendu, ou il faisait semblant tant qu'Estonie ne l'appellait pas en danois ? Très bien, ce serait de sa faute s'il massacrait la langue du scandinave.

"Danmark, ramene ton postérieur par ici !"

Que d'élégance.

OOC:

Tout finit toujours pas disparaitre. Le rire et le désir sont éphèmères et la vie elle-même s'arrête un jour. Même quand on était nation, même quand on était puissant et qu'on avait des territoires, là-bas, au loin... fût un temps.

Du haut de ses 19 ans, Mathias en avait toujours eu une conscience aigue. Exploiter sans remords ce que le sort veut bien nous accorder. Ou un truc dans le genre. A quoi bon passer son existence à se forger une vie mièvre quand on portait le poids de tout un peuple et toute une Histoire sur les épaules. Au final c'est un jeu. Ou tout du moins, Mathias a decidé de prendre les choses ainsi: ses études, ses amis, et tout ce qui en découlait.

"Il faut être respectable", "Il faut suivre les rêgles scrupuleusement". La blague. Jamais. Certains -cyniques- auraient pu intervenir en disant que ce qui bâtissait les empires et déclenchaient les révolutions ce n'était jamais que la peur mais les séances HARP avaient définitivement scellé l'avis du danois sur le sujet.

C'était l'envie de découvrir.

Le gout de l'aventure.

La curiosité que même les petites huitres ça les a annihilé mais ça c'est une autre histoire.

Toujours est-il que lorsqu'il était allé voir Eddy pour une séance HARP et que ce dernier avait proposé quelque chose du genre calme et distingué, le danois n'avait pas été mi-figue mi-pépin et avait dit oui, de suite, avec cette énergie habituelle.
 Déjà c'était Ed. Le type ne suintait pas l'indulgence mais en même temps, Mathias avait toujours été irrémediablement attiré par les personnes qui ne mentaient jamais. Qui pouvaient avec un visage immuable vous assener des vérités simples et lumineuses sans essayer de vous dorloter parce que de toute façon, il ne gardait jamais rancune et il n'était pas en cristal non plus.
Ensuite, il aimait toute les histoires. Ou Histoires. Evidemment il y avait des moments moins sympas que d'autre et vu le nombre de batailles remportés et de guerre perdues, le Danemark avait la victoire ou la défaite humble, mais ça n'empêchait pas l'excitation de l'époque.

C'est énergique qu'il entra son code, son mot de passe et valida sa session.

C'était partit pour Tallin! Estonie! Un peu de voyage au large de la mer baltique le long des côtes remplies d'ambres.

Un léger tournis et les brumes l'envahirent pour de bon...



"Taani! "

Un rire qui était tout sauf discret et le grand blond se mit à la poupe du vaisseau, levant un bras et l'agitant tout plein. Estonie était un vassal mais voilà... Danemark n'était pas trop du genre gros enquiquineur. Sa préférence allait pour tout ce qui était administrativement simple et pour la vrai marave, celle qui gonfle la poitrine de cris guerriers et virils à souhait.

"HEJ!!! HEJ HEJ HEJ!!"

Une promesse de guerre lorsque le Danemark sauta à terre les deux pieds joints. Toujours cette même attitude faite de confiance dans le présent et d'envie d'aventure qui ne quitterait jamais aucune de ses incarnations. Un lien discret et tenu qui ne s'épuiserait jamais. C'est d'un pas conquérant qu'il s'avança jusqu'à l'autre nat... province.

"Danmark, ramene ton postérieur par ici !"

Ah par les chatons tirant Freyja! Il manquait pas d'air celui-là et Danemark éclata de rire à nouveau.

"Les tiennes vont chauffer si tu continues tes bêtises! Hey mazette t'as grandit!! Comment ça va ici?" Le danois se mit à regarder aux alentours la foule venu acceuillir ses rois. Un oeil fier qu'il reposa sur le balte. "Prêt?"

Parce qu'il fallait l'être. Le Danemark, son roi et ses princes, regardaient vers l'est. La Russie et ses territoires. Il fallait conserver la nation qui était devant lui et en conquérir de nouvelles.

Le blond eut un sourire chafouin. Estonie n'était pas fidèle comme vassal, loin de là, mais il y avait une entente tacite et presque cordiale. Presque. Il était temps de rappelé que tout de même, ici, c'était aussi le Danemark.

"Je vois que la ville s'étend. Il faut construire. Encore. Nous allons faire de grande chose Estland!"

Les joues encore rose de s'être époumonné, le jeune garçon regarda Danemark s'approcher sans répondre, l'ombre d'un rictus aux lèvres. Rictus qui disparu sitôt la seconde question posée.

"Si c'était par crainte que nous ne soyons pas prêts à temps que vous êtes arrivés si tardivement, la prochaine fois, ne vous donnez pas cette peine et prennez de l'avance."


La remarque était loin d'être polie, aussi la prononçait-il à voix basse, en estonien. Il était peut-être irrité qu'on mette en doute les préparations auquel il avait du mettre des efforts à contre-coeur, mais il n'était pas non plus imprudent ; Danemark n'avait pas la main morte quand il tirait les oreilles.

"Pff, construire, construire, c'est bien beau mais il faut le temps !  Et la main d'oeuvre ! Tiens, regarde le clocher que l'on voit d'ici, l'église de Saint-Olaf. Ils ont fait confiance à un inconnu pour le construire, mais lorsqu'il est tombé du clocher, un serpent et un crapeau sont sortis de sa bouche ! S'il faut commencer à recourir à Kurat et aux forces surnaturelles, c'est bien que l'on va trop loin !"

Non pas qu'il avait peur du diable, hein. Dans l'hypothètique cas où il existerait vraiment, du moment que l'on était rusé, on pouvait s'en sortir. Pas de quoi en faire un foin comme tout ces types à la croix le faisait.

"...Si tu veux, je te ferrais visiter la tombe. Il l'on construit là où Olev, le constructeur, est tombé. C'est que tu ne viens pas souvent ici, tu va finir par te perdre si la ville grandit encore plus."

Et encore, il est sûr que Danemark adorerait se perdre dans le coin. Ce serait une aventure à moindre échelle. Peut-être devrait-il essayer de le trainer au milieu de la ville et de l'abandonner, pour voir.

"...Parce que tu auras bien le temps de visiter, hein ? Vous... vous ne partez pas immédiatement vers l'Est, hein ?"

Oh, il ne tennait pas à ce que les princes restent. Quand il y avait des personnalités importantes, il était obligé de rester dans la ville et de faire attention à ses vêtements, et rester poli et ne pas déclencher de disputes, et tellement de choses ennuyantes, alors qu'il préferait de loin la solitude de la forêt et s'entrainer à reconnaitre le chant des oiseaux. Et avec Danemark, c'était encore pire, avec son sourire irritant, et puis il était hyper-actif, et Estonie était sûr qu'il trichait aux dés, et...

...et au final, c'était son seul allié. Estonie tennait à son peuple, mais... il avait à peine le temps de cligner des yeux et ils avaient déjà disparus. Une quarantaine d'années, cela passait vite, et au final, il ne restait que lui et les autres, ces gens comme lui, nations, territoires, peu importe le mot... Non humain. Et, jusqu'ici, ils avaient tous été en guerre, tout du moins dans ce coin là du monde, à part contre Soome, mais cela faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait pas vu, alors que Danemark... Même s'il était irritant et partait toujours en guerre, même si Estonie se montrait peu fiable et prétendait préferer être indépendant... Danemark serait ici. A ses côtés. Aussi solide qu'un rock sur lequel les vagues se brisent.

...Un rock très irritant.

Le danois se mit à rire. Estonie avait ça de bien qu’il montrait une certaine résistance. Quelque chose de diffus, une façon de marquer sa fierté par une langue acerbe et des propos fielleux.

Cela méritait des rires comme cela pouvait mériter des coups de haches certes, mais Eastland était précieux.

Pleine vue sur la Baltique.

Il ne fallait pas croire. Le Danemark entretenait son image féroce avec un soin quasi méticuleux. Il savait qui frapper, quand et comment. Tout du moins il avait su. Les jeux de pouvoir commençait à s’embourber depuis quelques années quand bien même il avait établi un empire à sa manière.
Le souci était leurs nombres. Ils n’étaient pas assez. Ils ne l’avaient jamais été. Les vikings danois avaient certes réussis leurs raids, leurs colonisations, leurs comptoirs commerçants… mais ils étaient trop peu. Invariablement, leurs capacités à s’adapter les rendaient dangereusement assimilables.

Danemark avait laissé quelques danois ici… ils étaient trop à l’aise, trop bien, assimilés comme l'était des légos entre eux (métaphore non sexuelle merci :p). Mais c’était tout de même une bonne chose d’être bien. Le commerce fonctionnait mieux ainsi. L’argent circulait mieux quand les gens se sentaient pris en charge. Il n’avait pas imposé sur les côtes baltes les même techniques que des années auparavant sur les côtes britanniques mais la raison en était parfaitement simple : ici on lui avait résisté un peu. Juste un peu. Mais cela avait suffi pour que le danois s’adapte à son tour. Il n’était pas violent pour être violent mais pour obtenir.

Le poids d’une nation viking fière et entreprenante qui ferait toujours ainsi durant des millénaires.

Il serait bien temps de remettre certaines pendules à l’heure… ou comme on disait chez lui, quelques drakkars dans le bon port.

« T’appelles Kurat ou Odin si tu veux, mon roi veut des constructions, il y aura des constructions. Et ce sera beau.»

Il lui décocha un sourire solaire. Un de ceux, confiant, qui promettait un avenir meilleur.

« ...Si tu veux, je te ferrais visiter la tombe. Il l'on construit là où Olev, le constructeur, est tombé. C'est que tu ne viens pas souvent ici, tu va finir par te perdre si la ville grandit encore plus. »

« Pour un peu Eastland, je croirais que je t’ai manqué. »

Une bourrade dans le dos du garçon qui parlait trop, qui avait cet esprit vif qui fascinait tout de même un peu –il fallait bien l’avouer- le danois. Avec un peu de bonne volonté et de bras vaillants, ils allaient faire comprendre une bonne fois pour toutes à ces nouveaux peuples slaves qu’ici… qu’Eastland… était à eux...

A lui.

Danemark tourna sa haute stature vers la populace et eut un sourire. Les princes n’étaient pas forcement populaire mais l’accueil était adéquat. Valdemar, son roi, était resté là-bas, décrépi. L’un des grands désavantages des nations étaient d’être liés quasi physiquement à leurs dirigeants et le danois sentait dans ses veines couler la douleur de la fin d’un règne.

Le roi va bientôt mourir, les chaises musicales se préparent.

« (…) Vous... vous ne partez pas immédiatement vers l'Est, hein ? »

Il posa un regard clair et confus sur l’estonien avant de se reprendre.

« Mmm ? nej. Nous devons rétablir quelques points précis avant d’aller sécuriser nos frontières. Notre bien aimé roi Valdemar a décidé d’établir un nouvel évêque. Il sera bon pour ton peuple, cela va sans dire. Cela enverra un message à ces diablotins de slaves. Qu’ils retournent dans leurs poulaillers. »

Danemark s’avança, se promenant maintenant dans la ville, souriant sous la vie animé. Il y avait une certaine reconnaissance à voir qu'ici les choses allaient au mieux. Qu'Eastland n'avait au final pas besoin de lui pour faire tourner la machine. Il n'avait jamais été une nation impérialiste et ne le serait jamais. Ce n'était tout simplement dans son caractère pétri de liberté et d'une notion de justice profonde. On prenait ce dont on avait besoin mais on laissait aussi l'autre vivre au mieux: cela facilitait les échanges.

« Je ne veux pas t’inquiéter parce que tu n'as pas lieu de l'être mais les Chevaliers Teutoniques semblent s'interreser à tes terres aussi... »

Évidemment maintenant que l'on savait travailler l'ambre et exploiter les richesses...bande de sangsues!

La guerre, des deux côtés. Oh Danemark en frémissait d'excitation rien qu'à l'idée. Un peu de chaos volontaire, de quoi passer des messages au quatres coins du monde.

(Il y avait juste un seul petit souci)

« Ne t'en fais pas Eastland! Tu as confiance en moi? » demanda le danois dans un sourire franc et clair.

(Valdemar va bientôt mourir et avec lui toute les promesses de sécurité

Mais ça, ils ne le savent pas).

"Pour un peu Eastland, je croirais que je t’ai manqué."

Une morsure de la lèvre inférieure empecha Eastla... Eesti de réduire son visage en une grimace ronchonne. Paraitre calme et imperturbable aux commentaires du danois était essentiel, ne pas montrer qu'il était affecté par ce qu'il racontait.

"...C'est que tu es difficilement remplaçable. Les dieux ont eu pitié de l'humanité en décidant qu'il ne pouvait qu'il y avoir un être aussi mentalement éprouvant."

Malgré la réplique insultante, il n'y avait pas là trace d'irritation dans la voix du garçon. Affirmer directement ce qu'il pensait aurat été une faiblesse, un aveu qu'il ne se serait pas permis ; il n'avait besoin de personne, et il ne laisserait rien dans ses propos qui puisse laisser penser le contraire. Les mots sont aussi importants que les actes quand il s'agit de confronter quelqu'un.

...Mais peut-être le plus important était ce qu'il n'était pas dit. Il n'avait pas répondu à la négative. Le danois avait là un mince privilège ; le bénéfice du doute.

Encore que Danemark ne semblait douter de rien, avec son allure calmement imposante, qui lui permettait de braver la foule, suivi par le plus jeune vassal. Estonie lui enviait en partie l'aisance qu'il avait à marcher au milieu des gens, lui qui avait plus l'habitude est environnements calmes et vide de monde, plus l'habitude de traquer des proies en se fondant dans le paysage que de faire sentir sa présence.

"Je ne crois pas qu'un eveque soit un message très percutant. Je veux dire, les miens continuont à prier nos dieux. Alors, vos chefs religieux, qu'ils changent ou non, cela ne change pas grand chose...?"

Ou alors, il y avait quelque chose qui lui échappait ? Il avait du mal à comprendre les coutumes de cette étrange religion au Dieu unique. La seule chose qu'il avait noté, c'était le nom pour le moins singulier de l'éveque actuel. Thorkill. Le tueur de l'Uku des vikings. Cela convenait à quelqu'un sensé s'occuper de la nouvelle religion. Cela avait même tellement plus à Estonie que, plutôt que de chercher à retenir des noms qui n'avait pas de sens pour lui, presque toute les éminences importantes se nommaient Thorkill également dans sa tête, à commencer par le vice-roi dont il n'avait aucune idée du vrai nom.

" Je ne veux pas t’inquiéter parce que tu n'as pas lieu de l'être mais les Chevaliers Teutoniques semblent s'interreser à tes terres aussi...
-...Si tu as l'impression qu'ils commencent, alors c'est que tu avait vraiment la tête ailleurs. Ils avaient vue sur ces terres bien avant que tu ne vienne y mettre le bazar. Et puis vous n'avez pas arrêté de faire des arrangements, regarde le nombre de vassals... vassaux ? du vice-roi : 4 sur 5 sont des germaniques ! Vous auriez du leur botter les fesses en dehors de ces terres, au lieu de les leur offrir sur un plateau d'argent !"

Le ton de l'estonien se montrait plus énergique, plus irrité, alors qu'il partait dans sa tirade. Les germaniques étaient les pires après les slaves. Et il entendait tellement de choses, via les marchands, sur le traitement des siens qui avaient eu le malheure de s'établir trop au Sud, sur des terres maintenant Teutoniques, qu'il se demandait ce qu'il le retenait de mettre le feu à tout ces gens et leur langue si désagréable à l'oreille.

...En tout cas, s'ils vennaient pour l'ambre, ils devaient s'attendre à une mauvaise surprise. C'est incroyable que, depuis le temps, ils n'avaient toujours pas compris qu'il n'y avait pas d'ambre balte sur les côtes estoniennes, qu'en vérité il achetait juste à bas prix celui venu du sud pour le revendre plus cher au Nord. Mais tant mieux pour lui, s'il pouvait se faire de l'argent facilement.

"Ne t'en fais pas Eastland ! Tu as confiance en moi ?"

La question était venu brutalement au goût du fennique. Pourquoi devait-il s'en faire ?...Ou bien, était-ce Danemark qui doutait ? C'était... surprenant. Et inquietant.

"Ce n'est pas une question de confiance. Tu as réussi à battre mon peuple qui était resté libre des siècles durant, et ce malgré les attaques des slaves, donc il n'y a aucune chance que tu perds face à eux. Ou face à n'importe quel autre ennemi, d'ailleurs. Tu n'as juste pas le droit."

Ce n'était pas juste une affirmation, mais un ordre. Danemark avait eu l'audace de le réduire à un vassal, et pire encore, de ne venir qu'à intervalles irréguliers, entre deux batailles. Aller perdre face aux Novgorods ou aux chevaliers Teutoniques ? Ce serait la goutte qui ferait déborder le vase. On envahissait pas un pays sans en prendre les responsabilités, non mais !

Les danois et leur sens politique de traviole…

La réplique de notre cher province danoise fit sourire le grand blond. Apparemment, faire office d’éponge spontex sur le plus jeune ne semblait pas l’affecter. Cela ne l’angoisserait jamais au final et ce qu’elle qu’en soit ses incarnations. Non pas qu’Eastland ne comptait pas –bien au contraire- mais l’amusement teinté de respect l’emportait toujours.

Puis après tout c’était totalement vrai : il était complétement irremplaçable. C’était une bonne chose que le balte s’en rende compte dés à présent: ça leur faciliterait la tâche quand à l’avenir.

Danemark ne contesta pas la réponse quand à la religion, ou très mollement, dans un « urgh » à peine appuyé. Ce n’est pas tant qu’il y était fondamentalement attaché à cette religion chrétienne mais là aussi l’enjeu était politique et économique. La Chrétienté apportait une centralisation du pouvoir et des biens. Elle structurait l’état et c’était ce dont avait besoin Eastland quoiqu’il en dise.
Lui-même s’y perdait dans les noms des évêques et fort était de constater qu’ils avaient mal jouer en plaçant des teutons sur les sièges pourpre d’une église en mal de reconnaissance. Ils, son roi et ses princes, s’étaient dit qu’en faisant cohabiter tout le monde, en répartissant au mieux les pouvoirs, les choses iraient tranquillement.

Toujours à venir mettre leurs nez où il ne fallait pas ces chevaliers de l’Ordre Teutonique. Ils devaient pourtant le savoir que les territoires d’Eastland étaient consignés soigneusement dans les registres de la couronne danoises. Les noms des vassaux de ces terres baltes précieusement inscrit dans le Liber Census Daniae.

Danemark eut un sourire.

Eastland venait de lui balancer un « Tu vas me faire ça bien ou je te boude èé ! » qui eut le mérite d’alléger l’atmosphère vu le sujet abordé.

« L’Ordre Teutonique va lutter à nos côtés de toute façon.» Le regard azur se pose sans ambages sur la jeune nation. « Ce que l’on exige de toi… » Il fallait reformuler plus nettement cette fois-ci. Ne pas laisser de place aux troubles. Lui partait en guerre contre la République de Novgorod aux côtés de Suède et ils reviendraient victorieux.

(ou pas)

C’était étrange d’ailleurs…il y a encore peu il y avait quantités d’alliances, de mariages entre la Russ de Kiev et les Scandinaves puis tout prenait de la distance.

Fatalement.

Mais Suède semblait têtu sur le sujet de Kiev et ils avaient des accords et un commerce qui semblait s'amenuiser au fil du temps. La faute des Bulgares et des Mongols.

« Ce que le Danemark veut de toi Eastland, c’est que tu sois stable... et moderne. »

Le danois jeta un regard sur l'allure encore un peu gauche du garçon devant lui. Plus enclin en effet à la chasse et à la survie qu'à une réelle prise de pouvoir. Pourtant il y avait tellement à faire ici. Il était idéalement située: une plaque tournante pour le commerce, une porte merveilleuse entre le nord et l’est et l’assurance réelle pour tout les autres territoires que le Danemark savait pulser ses provinces de manière astucieuse et rentable.

« Nous allons étendre le territoire du côté est. Voir à gagner Narwa aux Votes. Y construire des forteresses, bâtir des villes…oh ça me fait penser ! C’est comme ça que tu m’accueilles? T’es vraiment une face de Carême pire qu’un philistin ! Où est l’eau de vie? Où est mon repas?!T’as encore celle faite avec les baies d’aubépine?!»

Une bourrade, un rire joyeux, leste, et le danois se mit à poser des questions sur la forteresse de Tallin. Elle était encore en construction mais il n’aurait pas été contre la voir. « Les princes vont se faire dorloter par ton peuple un peu avant d’aller croiser le fer. »

En gros, dorlote le un peu toi aussi! Oh! :p!

Pour autant qu'il détestait cette agitation constante de la ville, Eesti devait bien lui reconnaitre que, au moins, elle permettait de ralentir le danois à un rythme suffisant pour qu'il puisse être suivi de près. C'était dur de conserver une distance minime, entre les grands pas assurés de l'un et les plus prudents de l'autre. Le vassal avait d'ailleurs bien du mal à suivre la conversation -Quoi ? Combattre avec les Chevaliers Teutoniques ? Décidement, les danois ne sont capables de rien sans eux !- avant que Taani ne fasse une pause.

...Evidemment, il aurait du s'attendre à ce qu'il allait être dit n'était guère plaisant.

" Stable ? Moderne ? Avant que vous ne veniez mettre le bazar, tout le monde s'en sortait très bien chacun de son côté ! Et les femmes pouvaient monter à cheval ! Si vous nous laissiez faire correctement, on serait bien plus moderne et stable que maintenant ! A moins..."

Un petit pincement dans la voix, une sorte de reproche irrité.

"...A moins que vous ne voulez que l'on se mette à l'agriculture pour que vous n'aillez pas à le faire."

Vraiment, un pilleur comme Danemark ne pouvait pas lui faire de commentaires sur le fait qu'il s'accrochait encore à son ancien mode de vie plutôt que de travailler la terre.

...Enfin, si, il pouvait. Parce que si le peuple estonien avait fait comme le reste de l'Europe, alors il aurait eu une population suffisante et en meilleure santé. Il serait encore libre. Les danois n'étaient pas nombreux, mais ils avaient survécus et étaient victorieux envers et contre tout. Leurs situations étaient tout à fait différente.

Mais... si son peuple devenait agricole... Il devra rester sans cesse à la même place à surveiller les plants grandir. C'est encore un pas de plus qui l'éloignait des traditions nomades qu'ils avaient eu auparavant. Mais ça... Il ne pouvait pas vraiment l'avouer, n'est ce pas ? Qu'il avait encore l'espoir de redevenir indépendant et recontinuer sa vie comme auparavant. Pour aussi compréhensif que pouvait se montrer Danemark... Il ne tennait pas à le laisser partir sur une simple envie.

Le changement de sujet fut accueilli volontiers, avec un ton peut-être grincheux mais tout de même plus lèger qu'à l'ordinaire, ce qui n'était pas gagné avec les bourrades danoises.

"Je croyais que vous partiez combattre les slaves, pas les Votes, je vais finir par croire que vous avez une dent contre les fenniques ! Fait gaffe, Vote parle pas forcément beaucoup, mais c'est une forte tête, elle peut mordre fort !"

Encore qu'elle ait pu changer, depuis le temps qu'elle est parti de son côté. Si c'était encore une femme. Ses souvenirs avaient du passer à un autre, depuis le temps, une ou un autre représentant du peuple destiné à vivre des décennies durant.

"S'ils veulent vraiment se faire 'dorloter' par mon peuple comme tu dis, faut encore qu'ils aillent le rencontrer en campagne, c'est quand même surtout des danois qu'il y a au chateau. Et si tu y tiens vraiment, à ton eau-de-vie, va falloir monter la colline ! Allez, si tu te dépêche, tu pourras même demander à un bain chaud pour te décrasser avant le repas. Ils ont du commencer à faire cuire du pain blanc et saigner un cochon, ça va vous changer des provisions sèches."


Ce n'était peut-être pas exactement la définition de 'dorloter' que Danemark avait en tête, mais il ne fallait pas oublier que, toute nation qu'il était, il restait néanmoins un membre du peuple estonien. De l'eau chaude, un bon repas et un matelas de laine de mouton, c'était déjà un luxe bien suffisant, comparé à des temps encore récents. Enfin, si Taani préférait l'eau de mer glacé et une peau de bête, on pouvait toujours s'arranger.

OOC:

« Oui ben tu sais comment sont les prêtres. Ca doit être le fait de porter des robes…ils peuvent pas voir de chevilles féminines, ils en font une syncope. »

Il ne comprendrait jamais la religion catholique et sa peur farouche des femmes. Lui, il avait connu des temps plus anciens, comme Estonie, où une bonne tranche des guerriers vikings étaient des guérrières.

« Au passage… elles sont bien jolies les filles de ton pays.. »

Lailailailailai (ajout purement musical qui plaira énormement à notre Estonie contemporain et président du club de chant à n’en pas douter).

Le grand blond fit la remarque en souriant à un groupe féminin en retrait puis revenant sur l’estonien d’un air amusé, enchaina doctement.

« On garde nos dents pour nous. »

Tout ça  n’était pas la question et son vassal noyait le poisson. Il ne fallait pas avoir peur du changement, quel qu’il soit. Jamais. Ni de prendre des décisions, même mauvaises. En tout cas, selon l’intrépide Danemark. Ce serait là aussi, une constante dans toute les incarnations de cette nation car il s’avérait que de mauvaises décisions, ses gouvernements succéssifs en feraient pas mal menant le pays au bord de la banqueroute à plusieurs reprises, mais aussi au sommet.

Pour marcher en avant, il fallait bien trébucher parfois.

Un geste de la main propre à ne pas donner de réponse et le changement de sujet fut opportun. Danemark eut un sourire chafouin.

« Elle peut en effet. Un sacré bout de femelle ! » Délicatesse si tu nous entends, on t’a total oublié. « Mais tant mieux ! »
Comme l’avait dit à peu prêt Saint Hubert de la Corneille, à vaincre sans périls on triomphe sans pétards.

Levant son regard vers les collines surplombant la ville, versl’arrière du paysage, le blond eut une moue joyeuse. Si le ton était volontiers rouspeteur chez Estonie, il n’en demeurait pas qu’il y avait bien offrande.

Il ne serait pas contre un bain chaud, contre l’odeur du pain croustillant sortant du four et de tranches grasses de lard grillés. Sans parler de cette bonne eau-de-vie propre à vous tenir brulant dans le froid. Les traversées en mer ne le dérangeait jamais mais après des jours et des jours dans des câles humides au parfum désagréable, du ‘dorlotage’ sur terre ferme était plus que bienvenue.

« Cesse de geindre ! Et puisque tu en parles , soit ! Allons-y !  Et tu me raconteras ce que tu as fait durant ces années pendant que nous ripaillerons et boirons toute la nuit !» Un rire avant de suivre l’estonien. « Demain nous serons plus sérieux ! Pour ce soir laissons les Dieux nous bercer et nous nourrir en vue des victoires futures ! »

Le rire continua, plus lointain. Plus diffus.


Mathias riait encore sur sa chaise, allongé tandis que les lettres annonçant la fin de la session se mirent à clignoter devant ses yeux. Il fallait toujours plusieurs minutes avant que le procédé de récupération se fasse. Sans bouger, ni enlever le semi casque, Mathias appela son ami.

« Eddy ? »