Un, deux, trois viens marcher avec moi | PV Islande

Presque 9 heures du matin. La norme veut qu’un dimanche à cette heure-ci, la plupart des gens dorment. Emmitouflés sous la couette à rêver à de jolis paysages en coton rose et bleu. A ronfler paisiblement sans se soucier du bruit que l’on fait. Sauf Bjørn. Bjørn a toujours été un lève-tôt, le genre de mec casse-couilles qui refait son lit à six heures du matin. Il avait quand même la décence d’être silencieux, discret, une véritable petite souris qui fait son petit rituel du matin sur la pointe des pieds, et qui ne laisse de trace de sa présence que l’odeur de son shampooing et le bruit caractéristique d’une porte que l’on clenche.

Ce dimanche, la petite souris avait décidé d’en emmerder un. Il avait le choix parmi tous les nordiques qui ronflaient, bavaient, en boule ou en travers de leur lit. Pique nique douille c’est toi l’andouille. Pas de bol Emil, c’était sur lui que c’était tombé. Même si on pouvait s’y attendre, au final. Les statistiques sont absolument biaisées en faveur (ou défaveur pour le coup) de l’Islandais. Le réveil, il tenta de le faire le moins brutalement possible. Une petite caresse sur la joue, une pression sur l’épaule, un chuchotement. On n’était pas des sauvages quand même. Puis il allait pas lui renverser un seau d’eau sur la tête, le but n’était pas de réveiller tout le monde.

« Réveille-toi Emil. Viens, on va se promener. »

Doucement mais sûrement, s’armant de patience, Bjørn avait fait sortir de son lit la marmotte au macareux, dans l’optique de l’emmener se promener dans le parc.

Bon s’il était pas d’accord c’était pareil. Il l’aurait emmené en pyjama s’il le fallait. Ou non, trop froid pour le délicat petit frère, d’abord emmitouflé de force, ça vaut mieux. Limite il le portait sur l’épaule pour faire le trajet lit-parc.  La peluche aussi avait le droit d’être du voyage. C’est qu’il lui avait promis de l’emmener manger dehors la veille, et qu’il l’avait pas fait. Donc il voulait profiter de cette belle matinée pour passer un peu de temps en famille. T’en fais pas Emil, ça sera pas long, et t’auras plein de bonbons si t’es sage.

Il avait déjà du retard sur son planning habituel. Normalement à cette heure-ci, il avait déjà fini de courir, il avait pris sa douche et avait presque fini de se lisser les cheveux. Le privilège du nordique, c’était de constater que le Norvégien avait la coupe de grand-mère au réveil. Paie ton privilège de merde oui. Mais là Bjørn n’était pas parti courir, il avait dormi plus que prévu, et s’était préparé avant de réveiller son frère. C’est donc affublé d’un polaire et d’un pantalon de randonnée qu’il s’était assis sur le rebord du lit d’Emil pour le tirer des bras de Morphée.

« Il va être 9 heures. Habille-toi. »

Disant cela, il se leva et alla fouiller dans les affaires de son frère pour lui filer des fringues. Trop aimable, il lui évitait de se lever. C’est gentil ça non ? Non c’est surtout que comme ça il était sûr qu’il serait bien couvert. Il s’étira un peu.

« Je vais me brosser les dents, sois prêt dans 5 minutes. »

Bjørn tourna les talons, mais à peine avait-il fait un pas qu’il se rappela qu’il avait oublié de préciser un truc de la plus grande importance. Très important quand il s’agissait d’interrompre une grasse matinée bien méritée.

« J’ai pris de quoi petit-déjeuner à la cafétéria, on n’aura qu’à manger dehors. »

Il désigna son sac plein du menton. Marcher le ventre vide, c’était pas bon pour son précieux petit frère. Oui il considérait toujours qu’Emil était un peu en sucre, ou en porcelaine, au choix.