Enfin, étant donné qu'on est déjà sur une île, on s'en contentera, parce que sinon ça fait loin, et c'est pas sûr que Seychelles aurait suivi le mouvement.
Et le soleil, eh bien, en plein milieu des vacances d'été, il devrait être suffisant.
Russie était planté sur la plage comme un gros stalagmite. Alors certes, il était déjà en train de crever de chaud, mais il était très, très content. Nan, pas content de crever de chaud, l'est pas maso mon russe, y a pas écrit balte, là. Content d'être sur la plage, qu'il y aie un si beau soleil ce jour-là, et que Seychelles l'y rejoigne.
Enfin, si elle ne lui posait pas de lapin, mais cette éventualité ne lui effleura pas l'esprit.
Alors, il guettait son arrivée, en lissant son écharpe. Parce que certes Russie crève de chaud, mais Russie porte quand même son écharpe en plein mois de juillet, sous le cagnard de la plage, y'a pas d'embrouille.
La dernière sortie à la plage ne remontait pas si loin, une bonne poignée de semaines tout au plus, mais tout avait tellement changé ces derniers temps que cette journée-là lui semblait faire partie d'une autre époque, quand ses soeurs ne vivaient que par lui, que ses baltes tremblotaient paisiblement en périphérie, et qu'il pouvait encore se dire qu'ils formaient tous une grrrande famille sans avoir cette étrange et désagréable impression de se jouer du pipeau.
Quant au fait de savoir ce qu'il foutait présentement sur la plage tout seul alors qu'ils venaient en toute logique du même endroit, c'était parce qu'il avait jugé plus opportun de proposer à Seychelles de s'y retrouver plutôt que de faire le trajet avec elle, et ce n'était qu'une mesure de précaution. Histoire d'éviter que quelqu'un ne décide de 'sauver' in extremis la petite île de sa russ(ifiant)e présence, quoi.
Il avait très, mais alors très vaguement l'impression qu'il y avait comme un couac dans ses accès de sociabilisation. Le fait était que dès lors qu'il tâchait d'approcher une personne, à coup sûr il y en avait pour aussitôt se répandre en mises en garde, s'interposer physiquement pour s'élever en bouclier ou se contenter de siffloter narquoisement un air funèbre.
Bon, certes, il faut bien avouer qu'ils avaient souvent raison. Maiiiis ils avaient parfois tort, aussi.
Quoiqu'il en soit, il valait mieux retrouver Seychelles sur place plutôt que de quitter l'Académie avec elle, ce qui ne voulait pas dire pour autant qu'il comptait l'éventrer, manger ses yeux et enterrer son corps dans le sable.
De toute façon, on sait tous que le sable n'est vraiment pas un bon endroit pour dissimuler un cadavre.
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