C'est fourbe, c'est balte. [pv. Adomas ♥]

C'est fourbe, c'est balte. [ft. Adomas ♥]

Lucrezia arriva en retard au lieu de rendez-vous. Si on peut appeler ça un rendez-vous. Une séance de torture serait le terme le plus approprié, même s'il s'agissait en réalité d'un simple cours particulier avec son cher ami Adomas.

Elle tira une chaise, déposant son sac Gucci d'un rouge flamboyant sur une table de la bibliothèque, avant de s'installer en face du balte. Croisant les jambes, elle salua son ami d'un vague signe de la main, trop occupée à réarranger sa crinière blonde.
« Désolée pour le retard, je retrouvais plus mon vernis Essie Lacquered up # 62 et je pouvais pas sortir sans avoir refait ma manucure, tu comprends, chou ? Ce serait me rabaisser à ces nanas sans aucun goût de l'Académie et ça hors de question ! »
Tout en crachant sur ses camarades de classe, elle glissa sa main devant l’œil expert d'Adomas, pour qu'il puisse admirer ce beau vernis rouge. Assorti au sac à main, bien évidement. Faut pas déconner non plus.

Elle se mit ensuite à fouiller dans son sac, non pas à la recherche de stylo ou de feuille de papier, mais bien de son rouge à lèvres et de son miroir de poche. Histoire de se faire une petite beauté tout en racontant encore et toujours sa formidable vie.
« En plus, je te raconte pas, il a fallut que j'évite les pions et les autres dépressifs de l'aile latine, pas envie qu'ils viennent me taper la causette, ceux-là. Et ça fait longtemps que t'es là, du coup ? »
Son regard fuchsia se posa enfin sur la pile de livres qui devraient leur servir à bosser leur stratégie militaire. Ou du moins, celle de Lucrezia. Parce que même si elle est la descendante du Grand Empire Romain, ben les seules stratégies que la fashonista connaît, c'est quand elle doit faire les soldes à une heure de pointe.

Elle connaissait vaguement de nom certains grands stratèges comme Alexandre le Grand, Hannibal Barca ou encore Napoléon Bonaparte. Elle savait ce que ces hommes avaient bâti, quels territoires ils avaient conquis. Mais comment, elle s'en fichait autant que de la collection automne-hiver de 2001.

C'était d'ailleurs ça le problème. Ce n'est pas une fille stupide, la Lucrezia, elle a seulement des centres d’intérêt restreints et si les cours ne parlent pas de mode, de shopping ou de maquillage, cela passe à des années-lumières de sa formidable personne et elle ne fournira aucun efforts pour remonter ses notes.

Voilà pourquoi sa nonna lui avait collé le maître de la fourberie sur le dos, connaissant ses facilités dans la matière citée plus haut. Pendant les vacances, en plus. Et si Adomas devait certainement trouver tout cela injuste, une véritable punition même, je vous laisse imaginer le supplice qu'allait endurer l'italienne à bosser contre son gré.

Poussée par de la curiosité plutôt que par une soudaine soif de savoir, elle prit le premier livre, le feuilleta vitesse grand V avant de le reposer sur la pile. Elle lâcha un long soupir avant de déclarer :
« Eh ben, ça va être l'éclate totale dis donc ! Tu me rappelles pourquoi on est là déjà ? »
Pour tes notes désastreuses Lucrezia. Rien que ça. Et c'est pas gagné.